Jour Zéro - C. Robert CARGILL

Hopi est un tigre en peluche anthropomorphe, un robot-nounou comme il en existe désormais tant d’autres. Il est ainsi dans la famille Reinhart depuis huit ans et la naissance d'Ezra, à qui il voue un profond attachement. Mais alors qu'il prend conscience que ce lien n'est pas éternel, un concours de circonstances sonne l'heure de la révolte pour les robots. En quelques heures tout bascule et l'Humanité est très vite en grave danger d'éradiquation. Pour Hopi le dilemme est cornélien : il s'agit soit de rejoindre le parti de ses congénères, et acquérir par la force sa liberté, soit protéger et escorter Ezra en lieu sûr, si tant est que celui-ci existe...

Roman post-apocalyptique situé en amont de son précédent roman (Un océan de rouille, 2020), Jour Zéro nous conte en quelque sorte le dernier jour de l'Humanité. Sur la forme C. Robert CARGILL, fait le choix de l'action survitaminée, si ce n'est violente. Sur le fond, l'auteur texan propose aussi une vraie réflexion sur la condition des robots et ce qui rend leur intelligence artificielle si humaine. C'est ainsi que des dialogues entre robots, ou entre robots et humains, font ressortir des thématiques profondes telles que la peur du néant (la désactivation d'un robot équivaut à une mort physique), la conscience de soi, la mémoire ou l'universelle dichotomie entre le Bien et le Mal. En creux, CARGILL propose même une réponse à la question initiale : ce qui rend humain, c'est le libre arbitre.

On pourrait penser que l'auteur se prend pour le (petit-)fils spirituel d'Isaac ASIMOV. Admettons... Mais alors il s'agit d'un (petit-)fils en pleine crise d'adolescence qui commence par fouler aux pieds les Trois lois de la robotique. Plus sérieusement, C. Robert CARGILL nous propose avec Jour Zéro un agréable divertissement, calibré pour le cinéma (l'auteur est scénariste par ailleurs), sans pour autant oublier de lui donner une belle épaisseur avec un vrai questionnement.

C'est incontestablement à lire pour la découverte, ou tout simplement parce que l'on a apprécié Un Océan de rouille.