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Troisième roman de la jeune Lilia HASSAINE, Panorama est une dystopie parfaitement ancrée dans les problématiques de l'époque contemporaine.

En 2029 la France connaît une nouvelle Révolution. Sous l'influence d'Internet et de ses divers réseaux sociaux, l'institution judiciaire est mise à terre quand elle est désavouée dans sa condamnation d'un jeune homme s'étant fait vengeance lui-même d'actes incestueux pendant son enfance. S'en suit une #RevengeWeek pendant laquelle tout un chacun s'autorise à punir son bourreau supposé et à le diffuser le plus largement possible sur la toile. Bientôt c'est tout le pouvoir qui est désavoué et devient défaillant, se voyant contraint d'autoriser et de valider les décisions du mouvement « Transparence citoyenne ». Désormais les institutions ne sont que de simples administrations, les lois, tout comme les décisions de justice, sont discutées et votées par le peuple lui-même, tout document ministériel est rendu public. Comme il se doit, la classe politique est jugée corrompue et donc réprouvée.

C'est dans ce contexte qu'un jeune architecte fait valider son projet par le mouvement : puisque toutes les formes de violence ont pour point commun de se dérouler à l’abri des regards, il faut abattre les murs pour les remplacer par du vitrage. Les constructions modernes seront donc transparentes et chacun sera le garant de la sécurité et du bonheur de ses voisins.

Vingt ans plus tard, la Transparence s'impose à tous, la société française est considérée assainie moralement, la sécurité jugée optimale. Mais alors comment expliquer qu'une famille entière disparaisse sans laisser de trace ?

Hélène Dubern, gardien de protection (anciennement commissaire de police), est chargée de mener l'enquête et se fait narratrice pour l'occasion. Ce faisant elle nous raconte son impossible enquête, mais aussi et surtout son univers aseptisé. C'est donc par son oeil que l'on découvre cette société soi-disant idéale mais qui, comme toutes les autres, puisqu'elle demeure humaine, cache bien des parts d'ombre.

Après deux romans aux thématiques sociales bien accueillis par la critique, tant populaire que professionnelle, Lilia HASSAINE ose donc la littérature de genre, et pas des moindres. Son idée de départ est d'ailleurs particulièrement bien vue, probablement alimentée par son travail de journaliste dans une autre vie. Hélas, le format resserré de son roman ne lui permet pas d'atteindre l'ampleur qu'il aurait mérité ; ainsi son univers est si clos qu'il semble bien isolé dans le monde qui l'entoure, en particulier la France dans laquelle il se situe, et a fortiori le reste du monde. Il en est de même des personnages mis en scène qui demeurent froids tout au long de l'intrigue, à l'exception peut-être de la narratrice. Quant à la dimension policière du roman, elle est anecdotique tant elle est tirée par les cheveux. En fait, en refermant ce roman, le lecteur peut avoir la sensation, renforcée par l'enchaînement rapide des soixante-cinq courts chapitres, d'avoir lu la trame d'une pièce de théâtre. C'est probablement ce que d'aucuns appellent le style, trop souvent privilégié au détriment de l'univers narratif dans notre pays.

Panorama n'est pas un mauvais roman pour autant. Il aurait simplement mérité un développement plus conséquent et une intrigue policière un peu plus fouillée.

http://Panorama - Lilia HASSAINE (2023), Gallimard collection Blanche, 2023, 240 pages

http://Panorama - Lilia HASSAINE (2023), Gallimard collection Blanche, 2023, 240 pages

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