La Sentence - Louise ERDRICH

Tookie est amérindienne. Totalement paumée pendant sa jeunesse, elle a fini par se faire condamner à une improbable peine de soixante ans de prison au crépuscule de sa vingtaine. Une dizaine d'années plus tard elle bénéficie d'une libération conditionnelle et trouve un emploi dans une petite librairie indépendante de sa ville, Minneapolis. Passionnée de littérature, elle s'y épanouit jusqu'à ce que l'esprit de Flora, une fidèle cliente récemment décédée, ne vienne hanter les rayonnages de livres. Et bientôt la pandémie de Covid frappe l'économie de tout le pays, tout particulièrement les petits commerces, alors que George Floyd est littéralement assassiné publiquement par un policier...

Avec La Sentence Louise ERDRICH nous propose un roman particulièrement ancré dans l'actualité récente. Elle y raconte ses années « Covid » par le prisme d'une femme très attachante, y intégrant une bonne part d'autobiographie ; Louise ERDRICH est d'ailleurs réeellement libraire dans cette même ville, et se met même en scène dans son roman. Elle y propose surtout une vision de la société dans laquelle elle vit en particulier par le prisme de la condition des minorités ethniques telles que les noirs américains et bien sûr les amérindiens. La culture de ces derniers est comme il se doit à l'honneur puisque l'auteure comme Tookie sont amérindiennes ; pour cela elle exploite finement la dimension Fantastique de son roman et la traite comme une porte d'entrée vers la cosmogonie et les mythes amérindiens.

La Sentence est aussi un vibrant hommage aux librairies et au pouvoir des mots et des livres (« On trouve dans les livres tout ce qu’il faut savoir, sauf l’essentiel. »). Les références sont d'ailleurs disséminées un peu partout au fil du roman et le lecteur compulsif appréciera certainement la « liste totalement partiale des livres préférés de Tookie » en fin de volume. L'invitation à faire vivre les librairies indépendantes en guise de conclusion est explicite et on y souscrira bien volontiers.