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En 1986, Dalva est une femme de quarante-cinq ans vivant seule en Californie. Farouchement indépendante, elle s'investit dans le domaine de l'aide à l'enfance et a de nombreux amants qui deviennent bien souvent des amis proches lorsque toute relation amoureuse a disparu. En dépit de sa force apparente, Dalva souffre. Et pour exorciser cette souffrance elle tient un journal à son image, tout en digressions sur son passé et son avenir, avec le vocabulaire direct qui lui est propre.

 

C'est par ce biais que le lecteur apprend que Dalva a du sang Sioux dans les veines et que sa vie est jalonnée de deuils et de ruptures brutales. Parmi ces dernières, il y a cet enfant qu'elle a été contrainte d'abandonner à la naissance, alors qu'elle n'avait que 16 ans, et qu'elle brûle de plus en plus de connaître. C'est en nous relatant cette prise de conscience qu'elle nous raconte une Histoire de l'Amérique à sa façon, une Histoire que cinq générations de sa famille ont vécu, le pan le plus sombre de la grande Histoire des Etats-Unis.

 

Pour cela Dalva est relayée dans sa narration par l'un de ses amants, qui entreprend les recherches historiques les plus lointaines, dès la fin de la Guerre de Sécession, et qui nous fait découvrir de larges extraits du journal intime de l'un de ses ancêtres qui passa sa vie à défendre les Sioux. Mais entre chacun de ces extraits, il nous parle aussi de Dalva telle qu'il la perçoit, et cherche une solution pour saisir enfin pleinement sa personnalité.

 

Le roman joue donc avec de nombreuses voix, que ce soit celles des morts ou celles des vivants. En cela, Jim HARRISON démontre qu'il est un admirateur éclairé du « courant de conscience » de William FAULKNER, style littéraire spontané, et en apparence erratique, mais bel et bien travaillé à l'extrême pour rendre compte du fait que les souvenirs lointains, même les plus oniriques, sont fortement ancrés dans la conscience présente. C'est ainsi que Dalva retrouve finalement son fils, mais seulement après avoir retrouvé ses propres origines.

 

HARRISON se démarque toutefois de son modèle puisque là où les héros de FAULKNER sont hantés par la culpabilité, Dalva se sent elle parfaitement innocente et vit pleinement avec son temps. Cela en fait une héroïne duale, à la fois romantique et pragmatique, et très émouvante, le lecteur étant transporté par le récit de sa vie et de celle de ces ancêtres. Cela fait aussi de ce roman une oeuvre d'une rare force pour rendre compte de la manière la plus subtile qui soit de la tragédie du peuple Sioux.

 

CITRIQ

Dalva - Jim HARRISON (Dalva, 1987), traduction de Brice MATTHIEUSSENT, Union Générale d'Editions collection 10/18 Domaine Etranger n° 2168, 1991, 480 pages

Dalva - Jim HARRISON (Dalva, 1987), traduction de Brice MATTHIEUSSENT, Union Générale d'Editions collection 10/18 Domaine Etranger n° 2168, 1991, 480 pages

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