Ancienne médecin militaire et ex-taularde, Dix Low (sur)vit sur Factus, une lune pénitentiaire. Satellite désertique, rien n'y pousse et la vie n'y vaut pas grand-chose. Y cohabitent des bandes d'humains tous plus dangereux les uns que les autres, les contrebandiers et autres trafiquants d'organes s'y livrant une lutte de tous les instants, la place pour l'humanité y étant ténue et l'espérance de vie encore plus. Et puis il y a l'espèce autochtone légendaire car personne ou presque ne la voie : les Si. La légende dit que les Si vivent des doutes des humains, influençant leurs actes pour que ceux-ci soient radicaux, toujours d'une violence extrême. Or Dix Low semble entretenir un rapport particulier avec les Si…
En sauvant une adolescente du crash de son vaisseau spatial, Dix Low entre dans une spirale infernale. D'une part l'adolescente en question – Gabriella Ortiz – est une générale, une expérience de génétique militaire conduite par l'Accord, l'organisation qui dirige de fait la galaxie. D'autre part le crash n'est en rien accidentel mais bel et bien une tentative d'assassinat de la Générale. Dès lors les deux ennemies d'hier - car Dix Low a combattu du côté des Limites Libres, ennemi héréditaire de l'Accord, pendant la guerre - nouent une alliance de circonstance et entament une course-poursuite sans temps-morts…
Entre science-fiction crépusculaire et western désabusé, La Porteuse de mort est avant tout un roman d'action. L'éditeur lui-même parle de Space Western, ce qui est suffisamment explicite pour imaginer que l'introspection n'est franchement pas la caractéristique première de ce roman. Ce dernier est aussi bien de son temps, mettant en scène une galerie de personnages majoritairement féminins et maniant volontiers l'écriture inclusive.
Le contexte de La Porteuse de mort est toutefois bien moins clair. Car il est aussi complexe et confus que son intrigue est basique. Il en est ainsi des enjeux militaro-politiques que l'Accord et les LL se disputent, ceux-ci demeurant en toile de fond sans jamais vraiment émerger pour éclairer l'intrigue du roman.
Le sentiment est donc mitigé en refermant ce roman. On pourra apprécier sa dimension action pour son atmosphère à la Mad Max (dans sa version Fury Road pour son côté féministe). Mais on pourrait aussi bien rester sur sa faim par rapport à l'univers mis en scène. Reste à savoir si ce défaut sera corrigé dans le(s) prochain(s) opus puisque La Porteuse de mort est la première édition française de la britannique Stark HOLBORN et que celle-ci a déjà écrit une suite (Hel's Eight, 2023).