1795 - Niklas NATT OCH DAG

Suite directe de 1794, Jean Michael Cardell et Emil Winge poursuivent leur traque respective, le premier celle d'Anna Stina Knapp, qui serait en possession d'une lettre compromettante pour quelques conspirateurs en lutte contre le pouvoir en place, le second celle de Tycho Ceton, l'incarnation du mal dans la Stockholm de cette fin de XVIIIème siècle, meurtrier et manipulateur dont la vie et les actes n'ont engendré que des malheurs...

1795 conclut ainsi une trilogie débutée deux ans plus tôt et remarquable pour la peinture sociale qu'elle parvient littéralement à nous faire vivre. C'est celle de la régence après l'assassinat du roi Gustav III en 1792, pendant laquelle le frère cadet du défunt roi est impuissant face aux velleités de pouvoir du baron Gustaf Adolf Reuterholm. Mais le propos de Niklas NATT OCH DAG est ailleurs puisqu'il ne se sert de ce contexte politique que comme d'une toile de fond. Il lui préfère la mise en scène du peuple qui doit subir des choix politiques désastreux pour lui, et d'ailleurs pour toute vie humaine. Jean Michael Cardell, Cecil puis Emil Winge et Anna Stina Knapp en sont les principaux représentants, mais de nombreux personnages secondaires, notamment des enfants, viennent nourrir une véritable tragédie humaine, dont aucun représentant ne sort indemne.

C'est servi par une très belle prose, sans excès de lyrisme, mais installant dès les premières pages une atmosphère oppressante qui le restera tout au long de la trilogie. Il y a si peu d'espoir, pas plus que de lumière, dans cette histoire qu'elle en devient la quintessence même du roman noir. En cela c'est une pure réussite même si cela doit probablement réserver cette lecture à des lecteurs avertis.