La Fille qui se noie - Caitlin R. KIERNAN

India Morgan Phelps, alias Imp, est schizophrène. Sa mère et sa grand-mère souffraient d'ailleurs du même mal. Mais alors que ses aînées ont été jusqu'à mettre fin à leurs jours, Imp tente de garder le contrôle en suivant une thérapie. Et dans le cadre de cette dernière elle entreprend de rédiger un récit autobiographique qui d'emblée prend les airs d'une histoire de fantômes. Car Imp est obsédée depuis ses onze ans par un tableau de la fin du XIXème siècle, La fille qui se noie, le sujet de cette peinture allant même jusqu'à prendre corps au gré des rencontres d'India. Réalité ou projections d'un cerveau malade ? Qui sait ce que la schizophrénie peut faire voir ?

La Fille qui se noie est bonc bel et bien l'autobiographie d'une schizophrène. Rien qu'en cela il ne ressemble clairement à aucun autre roman, celui-ci donnant lieu à un récit totalement déstructuré dans lesquels les épisodes de la vie d'India s'entremêlent, se répondent les uns aux autres, et s'articulent autour de deux nouvelles écrites par Imp de manière (faussement) indépendante. Le tout confine très vite à la fascination.

Dès lors il y a deux options pour le lecteur. La première est celle de la quête de la rationalité qui le laissera à coup sûr sur le côté. La seconde est celle du lâcher prise qui lui permettra très vite de tomber sous le charme d'Imp et in fine de ne pas bouder son empathie pour la jeune femme. Cette seconde option permettra de plus d'apprécier la performance d'écriture (et de traduction), et de comprendre pourquoi le roman avait été multi-récompensé au moment de son édition originale (notamment les Prix Bram Stoker et James Tiptree Jr.).

On notera enfin qu'aujourd'hui Albin Michel enreprend de le rééditer dans sa collection Imaginaire. C'est une première depuis la création de cette collection en 2018, et l'occasion pour le traducteur de réviser (a priori très légèrement) sa première traduction (Panini, 2014).