« Cela se passe dans la plus grande ville du monde connu. La Cité de la toge noire, la Ville aux mille fumées, donnez-lui le nom que vous voulez, vous y êtes déjà allé, vous y retournerez. Surplombée par le palais du Suzerain et les temples de l'allée des dieux, port maritime et fluvial, elle grouille de marchands, de prêtres, de voleurs. On y respire les parfums de pays lointains et la puanteur de la misère. C'est là qu'est né, c'est là que survit Yors, ancien mercenaire devenu philosophe par la force de l'âge et des choses. Mais la sagesse ne nourrit pas son homme et Yors n'a plus un sou en poche quand commence notre histoire. Un peu par hasard il va se mettre au service d'un jeune homme, un étranger venu faire des affaires en ville. Pas n'importe quelles affaires : de la sorcellerie. Nul ne l'ignore, les sorciers sont des crapules malhonnêtes, des vendeurs de malédictions, des préparateurs de potions aux doigts sales. Celui-ci est différent... Courtois, un brin naïf, certain d'être le meilleur dans sa partie. Il s'appelle Noon, et son emblème est un soleil noir... »
Tel est le pitch du nouveau roman de l'auteur bicéphale L. L. KLOETZER tel que présenté dans la quatrième de couverture.
Hommage revendiqué à Fritz LEIBER et son cycle des épées, texte truffé de références plus ou moins explicites à l'oeuvre howardienne (Conan) ou lovecraftienne, des personnages si gouailleurs qu'ils peuvent parfois rappeler le Cugel de Jack VANCE, Noon du soleil noir est une première incursion en fantasy pour les époux KLOETZER (mais pas pour Laurent seul) et fait déjà le bonheur de tous les amateurs de Sword and Sorcery telle qu'il pullulait pendant l'âge d'or. Les premières chroniques des blogueurs le prouvent tant certaines sont des trésors d'érudition.
Mais que les autres lecteurs, qu'ils soient trop jeunes ou qu'ils ne connaissent tout simplement pas le genre, se rassurent, Noon du soleil noir peut se lire indépendamment de ces références et se savourer pour ce qu'il est : un (court) roman de fantasy efficace, mettant en scène des personnages hauts en couleur, et nous racontant une histoire rythmée, pleine de bon sens, en tout cas beaucoup plus que d'actes héroïques. Cette dernière caractéristique donne de plus un ton humoristique bienvenu à l'ensemble du récit.
Ajoutons que l'ouvrage est abondamment illustré par Nicolas FRUCTUS et l'on comprend que l'on est ici en présence d'une lecture pop corn de la plus belle eau. Les amateurs de fantasy ne bouderont certainement pas leur plaisir. Et pourquoi pas non plus ceux qui abhorrent le genre... Que Le Bélial', éditeur plutôt spécialisé dans la science-fiction de haute volée, se soit lancé dans une telle publication devrait les interpeller.
Quant aux lecteurs qui ont peur de rester sur leur faim à cause de la taille réduite du roman (pas de saga interminable et pas terminée ici), ils se rassureront peut-être en sachant qu'une suite est d'ores et déjà annoncée. Mais en attendant Noon du soleil noir se suffit à lui-même.