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Lénia Serrana a été enlevée de sa Batiare natale par des pirates alors qu’elle n’était qu’une enfant. Pendant des années elle a été « Nadia » pour son maître asharite. C'est l'assassinat de ce dernier qui a pu seul la délivrer. Et désormais elle est associée au kindath Rafèl ben Natan, voguant sur la mer du Milieu pour commercer, ou exécuter divers contrats plus ou moins licites au gré des opportunités.

Le contrat du moment est d'ailleurs l'assassinat du calife d’Abénévèn, au Majriti, loin au sud. Mission dangereuse s'il en est, de sa réussite dépendra la destinée de Lénia et Rafèl, mais peut-être aussi celle de la Batiare toute entière qui ne rêve que de restaurer sa grandeur après la prise de Sarance par Gurçu le Ravageur…

Guy Gavriel KAY poursuit donc le développement de son Histoire alternative en nous plongeant à nouveau sur la mer du Milieu, et dans les pays qui l'entourent. C'est en particulier l'Espéragne (l'Espagne), la Ferrières (la France), les cités-Etats qui composent la Batiare (l'Italie) et le Majriti (l'Algérie, géographiquement parlant).

L'argument de Toutes les mers du monde est très proche de deux de ses précédents romans, à savoir Un éclat d'antan, et surtout Les Lions d'Al-Rassan. En effet l'auteur canadien s'intéresse tout particulièrement à l'identité religieuse et aux tensions permanentes entre jaddites (chrétiens), asharites (musulmans) et kindaths (juifs) qui structurent un contexte politique complexe et guerrier. Il n'en oublie pas l'humain pour autant et s'intéresse aussi à l'identité individuelle de ses personnages, tout particulièrement à celle de Lénia Serrana qui s'avère être un superbe personnage féminin torturé par son exil forcé et sa quête de mémoire et d'héritage.

Comme dans Les Lions d’Al-Rassan aussi, Toutes les mers du monde propose une réflexion sur les différentes façons pour les peuples de transcender leurs divisions. C'est ce qui achève de faire de la prose de Guy Gavriel KAY un modèle de lyrisme qui permet au lecteur de s'immerger totalement dans son histoire et d'oublier le temps de quelques heures les problématiques de temps et d'espace induites par son univers si personnel.

Pour toutes ces raisons, Toutes les mers du monde fait incontestablement partie du meilleur de la bibliographie de Guy Gavriel KAY.

Notons pour conclure que l'édition présentée ici est québécoise, sous (excellente) traduction d'Elisabeth VONARBURG. Comme d'habitude désormais suivra prochainement une traduction franco-française chez L'Atalante.

Toutes les mers du monde - Guy Gavriel KAY (All the Seas of the World, 2022), traduction de Élisabeth VONARBURG, illustration de Émilie LÉGER, Alire collection GF, 2024, 564 pages

Toutes les mers du monde - Guy Gavriel KAY (All the Seas of the World, 2022), traduction de Élisabeth VONARBURG, illustration de Émilie LÉGER, Alire collection GF, 2024, 564 pages

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