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Voici un roman post-apocalyptique publié en France 36 ans après sa version originale, et ce en dépit de sa réputation et des prix dont il avait été lauréat à l'époque.

Alors de fait Swan Song prend pour argument de départ un élément de contexte international qui pourrait paraître daté (quoi que...), à savoir une guerre froide qui bascule subitement dans le chaos nucléaire. Alors que pour la plus grande part de l'Humanité c'est la fin de toute forme de vie sur Terre, pour une galerie de personnages c'est au contraire le début de quelque chose d'autre...

Ainsi en est-il pour Sister Creep, une clocharde qui erre depuis des années dans un New-York gangrenné par la pauvreté et le crime. Ainsi en est-il aussi de Roland Croninger et de sa famille qui se trouvent piégés dans un immense abri anti-nucléaire construit par une communauté de survivalistes sous le commandement d'un ancien héros de la guerre du Vietnam, le colonel Macklin. Ainsi en est-il enfin de Josh Hutchins, catcheur professionnel qui se retrouve piégé pour sa part dans la cave d'une vieille bicoque dans un bled paumé, ou encore de Swan et de sa mère qui fuient de nouveau la violence d'un beau-père...

Comme il se doit, tous ces personnages convergent les uns vers les autres dans une lutte incessante pour la survie. Car échapper au feu nucléaire n'est pas forcément une bénédiction quand il faut ensuite se nourrir, boire, soigner les multiples blessures (brûlures) et maladies inconnues qui surgissent, tout en songeant à la construction d'un nouvel avenir.

C'est tout cela, et bien plus encore, que Robert McCAMMON nous raconte dans Swan Song, un pavé de plus d'un miller de pages (découpé en deux volumes de belle taille pour l'édition française). Aux destinées individuelles et collectives il fait vivre nombre d'horreurs, qu'elles soient générées par l'apocalypse elle-même, ou par l'Homme quand il prend le parti de la violence pour s'approprier le pouvoir (c'est le cas du colonel Macklin et de son âme damnée Roland Croninger) ; cela donne lieu à quelques scènes littéralement gore. Il y insère également une bonne dose de Fantastique, en incarnant le Mal dans une créature qui pourrait bien être le Diable en personne, mais aussi dans un mystérieux artefact de verre fondu par le feu nucléaire, et en dotant la jeune Swan de pouvoirs qui pourraient bien être régénérateurs.

Le tout fait osciller son récit entre l'horreur la plus crue et l'espoir d'une autre forme de vie. D'abord ténu, ce dernier devient de plus en plus concret à mesure de l'avancée du récit. On l'aura certainement compris, il est incarné par Swan, une jeune fille devenant femme en même temps qu'elle s'approrie ses dons de vie et de régénérescence. De ce point de vue le roman est d'ailleurs truffé de références bibliques et mystiques, notamment avec les différentes arcanes du tarot divinatoire.

Pour toutes ces raisons Swan Song est un roman addictif qu'il est impossible de lâcher une fois les premières pages entamées. Alors plutôt que de s'interroger inutilement sur cette traduction tardive, on saluera plutôt l'initiative de Monsieur Toussaint Louverture qui décidément n'en finit pas d'initier les éditions audacieuses, pertinentes et de qualité.

Swan Song - Robert McCAMMON (Swan Song, 1987), traduction de Jean-Charles KHALIFA, illustration de Bernard KHATTOU, Monsieur Toussaint Louverture, 2023, 540 et 540 pagesSwan Song - Robert McCAMMON (Swan Song, 1987), traduction de Jean-Charles KHALIFA, illustration de Bernard KHATTOU, Monsieur Toussaint Louverture, 2023, 540 et 540 pages

Swan Song - Robert McCAMMON (Swan Song, 1987), traduction de Jean-Charles KHALIFA, illustration de Bernard KHATTOU, Monsieur Toussaint Louverture, 2023, 540 et 540 pages

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