Automne Cheyenne - Mari SANDOZ

Après la bataille de la Little Bighorn (1876), l'armée américaine s'acharna sur les Cheyennes jusqu'à leur reddition. C'est ainsi qu'en 1877 le petit millier de Cheyennes du Nord fut envoyé dans les Territoires indiens de l'Oklahoma, soit bien plus au sud que leur territoire natif (Dakota du Sud). Là les conditions de vie étaient abominables, la corruption omniprésente, et les Cheyennes étaient de plus en plus victimes de malnutrition et de maladies. A la fin de l'année 1878, face au silence des autorités quant à leur retour vers le Nord, les deux principaux chefs, Little Wolf et Dull Knife, prirent la tête de quelques 350 Cheyennes, dont une majorité de vieillards, femmes et enfants en direction du Nord. Si des milliers de soldats et de volontaires civils se mirent à leur poursuite, les Cheyennes parvinrent longtemps à leur échapper, jusqu'à ce que les deux chefs se séparent. Little Wolf ira jusqu'au Montana où il dut faire face à un hiver si rude qu'il n'eut d'autre choix de se rendre au printemps. Dull Knife fit lui sa reddition plus rapidement au Nebraska ; mais face à son refus de retourner en Oklahoma son groupe fut si mal traité qu'il s'évada à nouveau mais se fit massacrer.

Cet épisode bien connu des guerres indiennes contribue lui-aussi à l'imaginaire collectif sur les indiens d'Amérique du Nord, et ce bien au-delà des frontières américaines. Il est vrai que John Ford en tira un film bien connu à la fin de sa carrière (Les Cheyennes, 1964), lui-même étant l'adaptation du présent roman de Mari SANDOZ.

Essai ou roman, de fait Automne Cheyenne est historique, et le qualificatif n'est pas galvaudé. Très documenté il a comme premier mérite de ne pas être manichéen (il y a aussi des salauds chez les indiens, tout autant qu'il y a des bons chez les blancs). Son second mérite est d'être factuel, chaque fait s'appuyant sur les documents officiels de l'époque. Le prix à payer est peut-être une certaine froideur dans le propos alors même que le drame qui se joue est véritablement poignant. Alors essai ou roman, il est difficile de faire la part des choses ; on penchera pour le premier dans la mesure où l'on ne trouvera nul élément de fiction dans le drame ; on penchera pour le second pour l'émotion qu'il suscite, surtout en toute fin d'ouvrage.

L'Histoire dit que grâce à leur détermination et à leur sacrifice, ces Cheyennes ont gagné le droit de demeurer dans le nord près des Black Hills. En 1884, par ordre de l'exécutif, une réserve destinée aux Cheyennes du Nord fut établie dans le sud-est du Montana, avant d'être étendue en 1890.