Avec Miroir de nos peines Pierre LEMAITRE achève sa trilogie de l'entre-deux-guerres. Après Au-revoir là-haut et l'immédiat après Première Guerre mondiale, et Couleurs de l'incendie et la crise de 1929 et ses conséquences, il projette son lecteur dans les premiers mois de 1940 et la drôle de guerre vécue par une poignée de personnages.
Parmi eux il y a Louise, l'enfant qui aida pendant un temps Albert Péricourt dans Au revoir là-haut, Gabriel et Raoul, deux sous-officiers sur la Ligne Maginot, et Désiré, un escroc des plus brillants et charismatiques. Tous convergent les uns vers les autres sur les routes de France, la première en quête d'un secret de famille, les seconds en fuyant l'avancée allemande (et la justice militaire), le troisième au gré des opportunités (et pour échapper à la justice des hommes). Cela donne lieu à quelques beaux portraits comme Pierre LEMAITRE a le secret. C'est aussi le prétexte d'un road-movie d'un autre temps, celui de l'exode de 1940 en France.
Si cet exode, qui couvre l'ensemble de la troisième partie du roman, n'est pas dénué de quelques longueurs, le roman vaut surtout pour les portraits de l'ensemble des protagonistes, notamment, mais pas uniquement, ceux des personnages cités. Tous sont hauts en couleur, tous sont dotés d'une profonde humanité, tous sont parfaitement caractérisés. Miroir de nos peines vaut avant tout pour eux, l'intrigue en elle-même étant probablement la moins pertinente de la trilogie.
Miroir de nos peines - Pierre LEMAITRE (2020), Albin Michel, 2020, 544 pages