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Première incursion dans une littérature de genre pour un éditeur généraliste (Héloïse d'Ormesson), premier roman d'un tout jeune homme totalement inconnu dans le genre suscité, La Roche de Martin LICHTENBERG est une dystopie et c'est incontestablement un pari audacieux, tant sur la forme que sur le fond.

Sur la forme on remarquera simplement que les jeunes auteurs apprécient tout particulièrement la dystopie comme porte d'entrée en littérature par les temps qui courent. Genre éculé s'il en est, doté de plus de nombreuses œuvres de référence, la première des audaces est donc de tenter de se faire remarquer en l'exploitant à son tour. Martin LICHTENBERG fait ce choix et se permet même le luxe d'un dénouement à la manière de Harry HARRISON dans son Soleil Vert (ou son adaptation cinématographique).

Pour en arriver là l'auteur développe une intrigue structurée autour d'au moins trois contradictions. C'est la seconde de ses audaces.

En premier lieu, même si la Roche est une île, son univers est aride. Car l'eau potable, source de vie, y est une denrée rare que les Rocheux passent leur vie à pomper dans des nappes phréatiques toujours plus profondes.

En deuxième lieu, les Rocheux sont des travailleurs de force, qui ne tiennent que par l'espoir d'être un jour tirés au sort pour rejoindre la Capitale et y trouver enfin le repos. Cet espoir, et la Garde omniprésente qui veille à ce que rien ne vienne révolutionner l'ordre établi, font que  l'immense majorité des habitants de la Roche n'envisage pas une seconde de quitter leur île.

En troisième lieu, la Roche est un univers lugubre où pourtant percent ici et là quelques petits points lumineux. Parmi eux il y a Sol, le pianiste dont la musique est entendue d'une mauvaise oreille par la Garde, Dael l'artisan dont les talents lui permettent de découvrir bien des secrets de la Roche, et surtout Loo, la fillette de Dael, pétillante de vie, curieuse de tout, et dont les talents enfantins confinent au génie poétique. A eux trois, et avec l'aide de la fouisseuse, une femme recluse depuis que l'homme qu'elle aime a disparu, ils illuminent la Roche et finissent par bouleverser cette société sclérosée.

A ce niveau non plus les habitués du genre crieront certainement au dejà-lu ! Certes la thématique de l'eau comme ressource rare est exploitée depuis des décennies. Certes la thématique de l'art comme échappatoire à un pouvoir tyrannique est connue depuis plus longtemps encore. Pour autant Martin LICHTENBERG parvient à capter l'attention de son lecteur grâce à un style bien à lui, modulé selon les protagonistes mis en scène, et dont la beauté vient contraster l'univers dans lequel ils évoluent.

Martin LICHTENBERG trouve donc une plume dès son premier roman ; on pourra même penser par moment à Alain DAMASIO. Il sait aussi donner vie à de beaux personnages. Il ne lui manque finalement qu'un cadre un peu plus original pour convaincre définitivement. En attendant La Roche est un roman à découvrir par les lecteurs amateurs de dystopie et curieux de nouveaux talents.

La Roche - Martin LICHTENBERG (2024), illustration de Antoine LICHTENBERG, Héloïse d'Ormesson, 2024, 384 pages

La Roche - Martin LICHTENBERG (2024), illustration de Antoine LICHTENBERG, Héloïse d'Ormesson, 2024, 384 pages

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