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Avec Perfidia, James ELLROY inaugure un deuxième quatuor de Los Angeles. Il met en scène pendant la Seconde Guerre mondiale une importante galerie de personnages réels et fictifs, pour la plupart déjà rencontrés dans le premier quatuor ou dans la trilogie Underworld USA. Ils sont toutefois beaucoup plus jeunes puisque cette tétralogie annoncée se veut un prélude à une vaste fresque historique de l'Amérique de la deuxième moitié du XXème siècle.

Tout démarre la veille de l'entrée en guerre de l’Amérique. Le 6 décembre 1941, le sergent Dudley Smith, déjà rencontré dans le premier quatuor, découvre une famille japonaise tuée à l'arme blanche dans un simulacre grossier de suicide collectif. Le lendemain, alors que l'aviation nippone vient de bombarder Pearl Harbor, le LAPD y voit une aubaine, l'élucidation du quadruple meurtre devant permettre de se dédouaner par avance des actes vengeurs qui ne vont pas manquer de frapper la communauté japonaise de Los Angeles. C'est déjà une occasion rêvée pour les intérêts de Smith, le ripou qui ne songe qu'à ses intérêts personnels (et peu importe le coupable désigné) ; c'est aussi une chance pour l'ambitieux capitaine William H. Parker, également rencontré dans le premier quatuor, et qui anticipe déjà sa croisade anticommuniste. Entre Smith et Parker deux personnages (Kay Lake et Hideo Ashida, d'origine japonaise) sont tiraillés, et étaient déjà centraux ou cités dans Le Dahlia noir.

Comme à son habitude, James ELLROY développe alors une intrigue noire et d'autant plus complexe qu'elle s'appuie sur un épisode peu connu de la Seconde Guerre mondiale (les camps de concentration pour japonais en pleine Californie). Dès lors, et c'est en cela que ce second quatuor semble vouloir se démarquer, l'auteur a réalisé un important travail de documentation et adapté sa prose en conséquence. En effet, ici le style est bien plus journalistique que dans les autres romans de sa vaste fresque, donnant à Perfidia nombre de caractéristiques du roman historique. On est donc très loin du caractère romanesque du Dahlia noir, du Grand Nulle Part et de L. A. Condidential ; il a également tempéré le style haché et brutal qui caractérisait sa prose à partir de White Jazz et qui était la marque de fabrique de la trilogie Underworld USA.

Tout cela fait de Perfidia une œuvre riche et rendue complexe par son contexte géopolitique finement détaillé. Cela implique ici et là quelques longueurs à analyser au regard de la taille du roman. Cela ne doit toutefois pas décourager cette lecture, James ELLROY étant depuis longtemps un maître du roman noir, et son histoire de l'Amérique contemporaine son grand œuvre. Reconnaissons néanmoins que découvrir ELLROY avec ce roman-là n'est pas forcément le choix le plus aisé.

Perfidia - James ELLROY (Perfidia, 2014), traduction de Jean-Paul GRATIAS, Rivages collection Thriller, 2015, 850 pages

Perfidia - James ELLROY (Perfidia, 2014), traduction de Jean-Paul GRATIAS, Rivages collection Thriller, 2015, 850 pages

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