Beaucoup ont apprécié à l'automne 2021 le premier roman de Mariana ENRIQUEZ. Beaucoup apprécieront autant sa première publication française, un recueil de douze nouvelles publié chez le même éditeur en 2017 (2016 en VO).
On y retrouve les mêmes préoccupations de l'auteure que dans son roman, à savoir des thématiques en lien avec son pays d'origine, l'Argentine, et son Histoire tourmentée, des thématiques très sociales aussi, souvent avec la mise en scène d'enfants ou d'adolescents. On y ressent aussi, peut-être plus que dans son roman, des préoccupations féministes (on y croise nombre de couples en crise). Surtout, la prose de Mariana ENRIQUEZ est mâtinée de Fantastique, un Fantastique très ancré dans le réel, très noir aussi, puisque les monstres sont bien plus souvent intimes qu'issus d'un imaginaire fictif. Et c'est bien cela qui rend ses histoires si terrifiantes, à tout le moins glaçantes, et qui leur donne un indéniable charme.
Ce que nous avons perdu dans le feu est un recueil de douze nouvelles à découvrir par tout amateur de littérature fantastique prêt à sortir de sa zone de confort. Bien évidemment les lecteurs enthousiastes de Notre part de nuit ne bouderont pas leur plaisir.
L'enfant sale (El chico sucio)
Un enfant de junkie disparaît du jour au lendemain dans un quartier de Buenos Aires où drogue et violence règnent en maître.
L'hôtel (La Hostería)
Deux jeunes amies font l'expérience de la dictature militaire le temps d'une incursion clandestine dans un hôtel au passé mystérieux.
Les années intoxiquées (Los años intoxicados)
Des adolescentes se promettent dans le sang de ne jamais avoir d’amants et de ne jamais se quitter. Et leurs années de jeunesse s'enchaînent, dans les vapeurs de l'alcool et de la drogue, obsédées par la silhouette fugace d’une adolescente disparue.
La maison d'Adela (La casa de Adela)
Adela est manchote et aime se faire peur avec ses deux amis en regardant des films d’horreur. L'exploration d'une maison abandonnée va les faire aller bien au-delà de cet imaginaire.
"Pablito clavó un clavito" : une évocation du Petiso Orejudo (Pablito clavó un clavito: una evocación del Petiso Orejudo)
Alors qu’il vient de devenir père, Pablo, guide touristique spécialisé dans les crimes, est hanté par la figure du Petiso Orejudo, un tueur en série d'enfants ayant sévi au début du siècle.
Toile d'araignée (Tela de araña)
Un couple se déchire à grand renforts de non-dits et de reproches. A l'occasion d'un périple en voiture au Paraguay les masques tombent définitivement et dévoilent un quotidien terrifiant.
Fin des classes (Fin de curso)
Une lycéenne se mutile en pleine salle de classe, au grand désarroi de ses camarades. Quand elle quitte définitivement le lycée elle passe le flambeau à une de ses camarades.
Pas de chair sur nous (Nada de carne sobre nosotras)
Une femme récupère un crâne humain trouvé dans la rue, et va y trouver le moyen d'y soigner son mal-être.
Le patio du voisin (El patio del vecino)
Une ancienne assistante sociale se bat contre ses démons et ses hallucinations.
Sous l'eau noire (Bajo el agua negra)
Au cœur du bidonville est une rivière d'eau stagnante. Polluée, elle ne contient que des produits chimiques, des déchets et des cadavres. C'est autour d'elle que la procureur tente d'exercer son métier et de percer des secrets depuis longtemps enfouis.
Vert rouge orangé (Verde rojo anaranjado)
Lui est dépressif et se cache derrière sa porte, mutique, espérant échapper à l’existence sur le Dark Web. Elle tente de l'aider, à tout le moins de le comprendre, avant que l'amour disparaisse définitivement.
Ce que nous avons perdu dans le feu (Las cosas que perdimos en el fuego)
Pour échapper aux violences dont elles sont victimes, des femmes s’enflamment délibérément pour que les hommes ne puissent le faire à leur place.