Voici un premier roman d'une jeune auteure pas forcément inconnue des amateurs de littératures de l'imaginaire. Car Anouck FAURE est avant tout illustratrice et s'est déjà faite remarquer pour quelques superbes couvertures, ici et là par exemples. Dès lors son talent ne peut qu'inciter à la curiosité pour sa transposition dans la forme écrite.
La cité de Roche-Etoile est une merveille architecturale déchue. Car après le temps de la splendeur est venu celui de la malédiction, quand les eaux qui l'alimentent sont devenues des poisons mortels, la transformant à jamais en nécropole brumeuse et sans vie. Sept ans après sa chute, l'archiviste d'un royaume voisin se rend sur place pour tenter de comprendre les raisons d'une telle destinée. Or il s'avère que la cité abrite encore quelques âmes. A la dérive, celles-ci sont pourtant les seules à pouvoir livrer un témoignage de première main. A moins que les principaux non-dits ne soient pas là où on les attend...
Comme attendu quand on connaît le travail d'illustratrice d'Anouck FAURE, La Cité diaphane est avant tout un roman d'ambiance dans la plus pure tradition du gothisme. Les premiers chapitres pourront même rappeler parfois l'atmosphère des Jardins statuaires et des pérégrinations de Barthélémy Lécriveur et de Ludovic Lindien, ce qui n'est pas peu dire du potentiel d'un tel univers.
Vient toutefois s'y greffer une intrigue beaucoup plus convenue, à tout le moins décousue et répétitive, et dont beaucoup trop d'épisodes tombent à plat tant ils semblent artificiels. Cette intrigue c'est une lutte incessante pour le pouvoir à Roche-Etoile, laquelle doit aussi composer avec l'amour que se vouent les deux principaux protagonistes, à savoir le prince de Roche-Etoile et Vanor, son Oracle, incontestablement le personnage le plus intéressant, et qui livre les chapitres les plus réussis dès lors qu'il est en scène directement (les derniers chapitres de la première partie). Le tout est un prétexte pour une réflexion sur l'identité fluctuante (des personnages) façonnée par l'Histoire (de Roche-Etoile en tant que lieu). Elle forme in fine une véritable mythologie, laquelle couvre l'intégralité de la seconde partie du roman, tout en demeurant suffisamment ouverte pour laisser entrevoir des développements ultérieurs.
La Cité diaphane est donc un roman en demi-teinte. Son intrigue souffre clairement d'insuffisances narratives, mais son univers confine au fascinement alors même que l'approche mythologique est la bienvenue. Ce n'est pas si surprenant dès lors que l'on entame cette lecture avec les images qu'Anouck FAURE a l'habitude de nous montrer. Rien que pour ces seuls lecteurs, mais aussi pour les autres, le plaisir sera d'autant plus fort que l'ouvrage est illustré de neuf gravures à l'eau-forte de l'illustratrice elle-même, ce qui pourrait bien suffire à la découverte de Roche-Etoile. Dans tous les cas c'est une lecture à découvrir pour tout le pontentiel d'une oeuvre encore en devenir.