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« Barbara Vine est le pseudonyme de Ruth Rendell pour les romans les plus sérieux et les plus intéressants qu’elle ait écrits ces vingt dernières années. [...] Vine peut être vraiment très bonne, bien qu’elle soit peu connue dans le monde de la SF (ses livres présentent pourtant pas mal de points communs avec les genres de SF les plus intéressants) ; les gens qui aiment ce que je fais aimeraient sans doute ce qu’elle fait (et vice versa). Ses premiers romans sont les meilleurs ; les suivants me paraissent plus faibles. » C'est ainsi que Christopher PRIEST parle de Ruth RENDELL alias Barbara VINE, ce qui ne peut que titiller ma curiosité d'amateur de l'oeuvre du premier.

Ceci étant posé une double difficulté se pose. D'une part l'oeuvre de RENDELL est monumentale ; d'autre part, à de rares exceptions près, ses éditeurs français n'ont pas tenu compte du souhait de l'auteure de compartimenter son œuvre sous deux noms de plume distincts et ont publié tous les romans originellement signés sous pseudonyme sous son véritablement nom. Une petite recherche bibliographique s'est donc imposée et c'est dans une liste restreinte (14 romans tout de même) que j'ai opté pour le premier à me tomber sous la main, en espérant être tombé sur la cible privilégiée par Christopher PRIEST.

Jeux de mains donc... On commencera par s'interroger sur ce titre traduit qui, une fois le roman refermé, laisse songeur. Las ! Ce n'est pas la première fois, et certainement pas la dernière non plus. Pour le reste le roman s'ouvre sur le décès à 71 ans d'un écrivain à succès, Gerald Candless. Il laisse derrière lui trois femmes, à commencer par son épouse Ursula qu'il n'aimait guère mais qui était tolérée pour avoir porté les deux filles à qui il vouait une véritable adoration. Hope, la cadette, est son portrait craché, caractérielle et indépendante. Sarah, l'aînée, ressemble plus à sa mère, notamment du fait de son caractère plus effacé. C'est cette dernière qui accepte la suggestion de l'éditeur de Gerald quant à l'écriture de sa biographie ; c'est donc par elle que l'impensable est révélé : Gerald Candless n'était pas celui que tous pensaient qu'il était.

Reste encore à déterminer qui il était vraiment, et pour quelle(s) raison(s) il semble avoir vécu sa vie par procuration. Chacune à sa façon, les trois femmes puisent dans leurs souvenirs intimes, mais aussi dans l'oeuvre de Candless, laquelle est réputée contenir une part autobiographique sans que celle-ci soit clairement identifiable par le commun des lecteurs. Le travail de deuil des trois femmes révèle alors peu à peu les véritables personnalité et identité de l'écrivain, l'explication ultime n'apparaissant que dans les toutes dernières pages. Entre-temps, Ruth RENDELL alias Barbara VINE apporte une vision particulièrement acérée de la psychologie féminine, de même qu'une capacité à générer une intrigue complexe autour d'une société en perpétuel mouvement, et sur laquelle elle construit son propos à l'aide d'innombrables flash-back.

Bien sûr, et c'est là où le rapprochement avec Christopher PRIEST est indéniable, son approche du travail de l'écrivain, où se mêlent sans cesse fiction et réalité, est tout à fait brillant, donnant faussement un caractère décousu à son roman. Bien au contraire, Jeux de mains est un roman subtil sur la complexité d'une vie, aussi linéaire soit-elle aux yeux des autres. Alors oui, les gens qui aiment ce que PRIEST fait aimeraient sans aucun doute ce que Ruth RENDELL a fait, en tout cas avec ce roman-là. Pour ma part, je réitérerai l'expérience RENDELL / VINE à coup sûr.

CITRIQ

Jeux de mains - Ruth RENDELL (The Chimney Sweeper’s Boy, 1998), traduction de Isabelle TRIPAULT, Calmann-Lévy collection Suspense, 1999, 428 pages

Jeux de mains - Ruth RENDELL (The Chimney Sweeper’s Boy, 1998), traduction de Isabelle TRIPAULT, Calmann-Lévy collection Suspense, 1999, 428 pages

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