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Voici un « nouveau » roman de Poul ANDERSON resté inédit en France pendant soixante ans alors même que sa thématique est de celles qui font les succès de librairie, notamment ces dernières années. Le fond comme la forme de L'épée brisée en témoignent.

En voici déjà le pitch. Dans le but de se venger du Danois qui a massacré sa famille pour pouvoir s'installer en Angleterre, une sorcière incite le roi des elfes à substituer un changelin au nouveau né du viking. Ainsi l'humain Skafloc est élevé par les elfes et développe avec eux sa force et sa vaillance, tandis que le changelin Valgard devient une brute parmi les hommes, un véritable berserker sanguinaire. En grandissant, Skafloc et Valgard convergent l'un vers l'autre, l'arbitre de l'inéluctable confrontation étant une épée maléfique, réputée brisée par Thor, et offerte à Skafloc lors de sa cérémonie d'accueil chez les elfes.

Quant à la forme c'est celle qu'il réutilisera vingt ans plus tard, celle de la saga de la tradition nordique (dans son avant-propos l'auteur parle pour sa part de « geste ») dans laquelle nombre de codes du genre sont exploités. C'est l'épée dotée d'une âme qu'il faut reforger, ce sont les demi-frères qui se haïssent, un frère et une soeur qui s'ignorent mais qui s'aiment d'un amour pur, le bestiaire composé de créatures dangereuses pour l'Homme...

Ce faisant Poul ANDERSON s'intéresse à la destinée. C'est la destinée individuelle d'une part, en particulier par le biais du personnage de Skafloc dont le libre-arbitre n'est qu'apparent, tous les événements marquants de sa vie étant décidés peu ou prou par les Dieux. C'est la destinée collective d'autre part, le temps des elfes étant à son crépuscule, celui des hommes devant bientôt prendre le relais en dépit de leurs imperfections, mais grâce à la force de leurs sentiments.

Le tout forme un roman de Fantasy somme toute classique, mais parfaitement construit et conté. C'est certes une habitude quand le lecteur connaît déjà l'oeuvre de Poul ANDERSON, mais il convient de noter aujourd'hui que L'épée brisée a gardé une bonne part de sa force alors même que ce genre de récits a maintes fois été exploité, plus ou moins heureusement, en six décennies. Cela explique aussi que certains parlent de chef d'oeuvre en évoquant L'épée brisée (Michael MOORCOCK le fait indirectement dans sa préface) ; si cela devait être compréhensible en 1954, en 2014 il convient certainement mieux de parler de roman influent pour un genre devenu depuis pléthorique.

CITRIQ

L'Épée brisée - Poul ANDERSON (The Broken Sword, 1954), traduction de Jean-Daniel BRÈQUE, illustration de Nicolas FRUCTUS, Le Bélial', 2014, 320 pages

L'Épée brisée - Poul ANDERSON (The Broken Sword, 1954), traduction de Jean-Daniel BRÈQUE, illustration de Nicolas FRUCTUS, Le Bélial', 2014, 320 pages

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