Classique de l'âge d'or de la science-fiction, Body Snatchers est peut-être plus connu encore pour ses adaptations cinématographiques, en particulier celles de Don Siegel (L'invasion des profanateurs de sépultures, 1956) et de Philip Kaufman (L'invasion des profanateurs, 1978). Le texte bénéficie ici d'une traduction révisée visant à gommer les propos que l'époque jugerait aujourd'hui sexistes, et en commençant par ne pas traduire le titre.
Comme souvent à l'époque originelle, on est sur un récit d'invasion extraterrestre, laquelle s'avère sournoise puisque les aliens en question sont capables de prendre forme humaine et de réaliser une duplication parfaite, physique comme psychique, de toutes leurs victimes. Comme ces dernières sont littéralement remplacées, on peut considérer que les extraterrestres sont des voleurs de corps, expliquant par-là même ce fameux titre non traduit.
Le narrateur est Miles Bennell, jeune médecin dans une petite ville de Californie, non loin de San Francisco. Celui-ci est d'abord témoin de l'invasion, puis quasi ultime résistant. Démuni tout au long du récit, c'est totalement par hasard qu'il finit par repousser les aliens.
Parfois considéré comme une allégorie anticommuniste (le roman est écrit en plein maccarthysme), il faut surtout y voir un roman sur l'humain, et ce qui le définit, à savoir l'émotion. Jack FINNEY le fait dire à l'un de ses personnages secondaires dès le deuxième chapitre quand il évoque les réactions d'un tiers non « justes émotionnellement », et le développera tout au long du récit, notamment par le biais de la mise en scène d'un psychiatre.
Quoi qu'il en soit Body Snatchers est encore aujourd'hui un roman pleinement efficace, bien plus subtil qu'il n'y paraît de prime abord (les titres français, notamment des adaptations cinématographiques, sont vraiment racoleurs et plus que douteux), et qui se révèle parfaitement vieilli en 2022. Il est donc inutile de bouder le plaisir de cette lecture.
A noter que l'ouvrage est complété d'un essai de Sam AZULYS portant sur le riche historique des adaptations cinématographiques de l'œuvre écrite, en plus de la très complète bibliographie de Jack FINNEY par Alain SPRAUEL.