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Jeune peintre talentueux, mais en panne d'inspiration, le narrateur erre à travers le Japon quand sa femme lui annonce qu'elle souhaite divorcer. Quelques mois plus tard il se fixe dans une maison isolée en pleine montagne, ancienne propriété d'un artiste de génie, Tomohiko Amada. Là, il fait quelques rencontres étranges, et autant de découvertes mystérieuses, à commencer par une peinture inconnue d'Amada, un chef d'oeuvre d'une grande violence représentant Le Meurtre du Commandeur qui ouvre le Don Giovanni de Mozart. Dès lors le narrateur semble aller et venir entre deux univers, celui d'une réalité on ne peut plus cartésienne, un autre beaucoup plus métaphorique dans lequel les personnages d'une peinture semblent prendre vie, comme l'incarnation d'une allégorie.

Roman étrange s'il en est, Le Meurtre du Commandeur exploite nombre d'images de la littérature fantastique des XIX et XXème siècles. C'est l'homme dont le visage s'avère insaisissable pour qui veut en faire le portrait ; c'est la clochette bouddhique qui sonne apparemment seule ; ce sont les personnages d'un tableau qui prennent vie comme des idées... Pour autant, le roman est bel et bien une oeuvre d'Haruki MURAKAMI en ce sens qu'il s'agit d'un récit au rythme lent, truffé de références musicales, littéraires et philosophiques, le tout structurant néanmoins une intrigue implacable. La toile de fond est en outre éminemment ancrée dans le réel, celui du processus de la création artistique, en l'occurrence picturale. On y retrouve également la solitude du personnage principal, sa relative passivité, mais in fine sa grande profondeur.

Le Meurtre du Commandeur est à tous ces titres un grand roman d'Haruki MURAKAMI. On fera fi des fausses polémiques en provenance d'Asie sur les scènes de sexe soi-disant explicites mais finalement anecdotiques, ou sur la référence soi-disant pro-chinoise sur le massacre de Nankin qui s'avère à tout le moins sibylline pour le lecteur occidental. On notera en revanche que le découpage en deux volumes est totalement artificiel et éditorial, la lecture du Livre 2 ne pouvant qu'être enchaînée à celle du Livre 1.

Le Meurtre du Commandeur - Haruki MURAKAMI (Kishidancho Goroshi, 2017), traduction de Hélène MORITA, Belfond, 2018, 456 et 472 pagesLe Meurtre du Commandeur - Haruki MURAKAMI (Kishidancho Goroshi, 2017), traduction de Hélène MORITA, Belfond, 2018, 456 et 472 pages

Le Meurtre du Commandeur - Haruki MURAKAMI (Kishidancho Goroshi, 2017), traduction de Hélène MORITA, Belfond, 2018, 456 et 472 pages

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