L'abominable - Dan SIMMONS

En 1924, la course pour parvenir au plus haut sommet du monde s’interrompt brutalement suite à la disparition des célèbres alpinistes George Mallory et Sandy Irvine. L’année suivante, trois amis tentent à leur tour leur chance sous le prétexte de retrouver le corps d'un jeune noble anglais disparu à son tour peu de temps après.

Avec L'abominable Dan SIMMONS part d'un fait historique avéré (la disparition de George Mallory et Sandy Irvine) pour nous raconter une autre ascension, fictive celle-ci, mais aussi prétexte à une multitude de détails sur le matériel de l'époque, les techniques et l'écosystème si particulier de l'Himalaya. Et SIMMONS étant ce qu'il est, à savoir un romancier habile dans la construction d'un suspense, il donne à son récit une toile de fond calquée sur les relations internationales au milieu des années 1920, quand l'Allemagne était prise à la gorge par les dispositions du traité de Versailles, et qu'Hitler en profitait pour imposer sa doctrine.

L'abominable est ainsi un roman dual. Il est déjà un roman de montagne (et d'escalade) riche d'enseignements pour les néophytes, mais aussi peut-être un peu long, tout simplement passionnant pour les amoureux de ce sport de l'extrême. Mais il est aussi un roman d'espionnage dont les tenants et les aboutissants auront des répercussions bien plus tard, dans une étape décisive de la Seconde Guerre mondiale ; au début cette dimension peut sembler grotesque, mais Dan SIMMONS parvient à l'exploiter habilement et finit par nous y faire croire.

Le roman est centré sur trois personnages, un poète britannique vétéran de la Grande Guerre, un guide de montagne chamoniard et ingénieur de talent, et un jeune idéaliste américain, narrateur pour l'occasion. Avec eux SIMMONS montre une grande empathie et parvient sans difficulté à nous faire partager leur passion pour l'escalade.

L'abominable est au final un excellent roman qui enthousiasmera à coup sûr les passionnés d'escalade. Les autres pourraient aussi y trouver leur compte si tant est qu'ils ne soient pas allergiques aux descriptions techniques. De ce point la technique narrative pourra rappeler celle d'Herman MELVILLE dans Moby Dick, quand il nous expliquait dans ses moindres détails la chasse à la baleine.