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Hérétique pour l'Inquisition, mais saint pour les Franciscains, pour ses adeptes il est le "Docteur Illuminé". Il s'agit de Ramon Llull, originaire de Majorque, qui vécut à la fin du XIIIème et au début du XIVème siècle. Il tenta de rapprocher les cultures juives, arabes et chrétiennes au travers d'une doctrine complexe et rigoureuse, qui demeure aujourd'hui anachronique pour les philosophes, mais dont notre culture est aujourd'hui largement empreinte. Il fut en effet le premier à faire parler philosophie, théologie et sciences à une langue autre que le latin ou le grec. Un exploit pour l'époque !

C'est un voyage de Ramon Llull que Juan Miguel AGUILERA romance. Associé aux mercenaires de Roger de Flor, il veut retrouver le royaume du Prêtre Jean qui, dans le passé, a sauvé Constantinople. La rigueur de l'Histoire s'arrête là, bien que de nombreux parallèles peuvent être faits entre la doctrine de Ramon Llull et la suite du roman.

Ramon Llull et ses compagnons vont effectivement trouver une cité où vit un peuple extrêmement évolué, que ce soit du point de vue technique ou d'un point de vue moral. Leur science leur a permis de bâtir des bâtiment colossaux (un barrage par exemple), des armes à feu puissantes, des bâtiments volants, des systèmes de télécommunication et ce que l'on appellerait aujourd'hui des ordinateurs. La médecine est également très développée et permet de soigner les nombreuses blessures que les épées de l'époque pouvaient infliger aux guerriers de tout poil.

D'un point de vue moral, les habitants de la cité montrent une tolérance à toute épreuve. Accueillants avec n'importe qui, la peine de mort est bannie de leur société, même dans le cas des pires exactions. Jamais ils ne font la guerre à leurs ennemis sans avoir essayé préalablement de parlementer. Ils sont également prêts à partager leurs connaissances et leurs richesses.

La lecture de ce roman est extrêmement plaisante. On est transporté d'un bout à l'autre aux frontières entre le récit de voyage, le fantastique, l'uchronie et la science fiction. Sur de nombreux passages on ne pourra s'empêcher de penser aux récits de Jules VERNE.

Tout n'est pas parfait pour autant. En particulier, Juan Miguel AGUILERA ne s'arrête pas assez sur la personnalité de Ramon Llull, qui est associé bien vite aux mercenaires de Roger de Flor, sans trop savoir pourquoi ; il comprend tout, bien trop vite, aux avancées de la cité du Prêtre Jean et se sort de situations périlleuses un peu trop facilement. D'ailleurs les scènes d'action sont nombreuses mais trop brèves.

Signalons aussi pour les amateurs de références qu'on retrouve en début et fin de roman un personnage peut-être connu de certains lecteurs : Nicolau Eimeric, peut-être plus connu ici sous le nom de Nicolas Eymerich, inquisiteur.

La folie de Dieu - Juan Miguel AGUILERA (La Locura de Dios, 1998), traduction de Agnès NAUDIN, illustration de André JUILLARD, Au Diable Vauvert, 2001, 532 pagesLa folie de Dieu - Juan Miguel AGUILERA (La Locura de Dios, 1998), traduction de Agnès NAUDIN, illustration de André JUILLARD, Au Diable Vauvert, 2001, 532 pages

La folie de Dieu - Juan Miguel AGUILERA (La Locura de Dios, 1998), traduction de Agnès NAUDIN, illustration de André JUILLARD, Au Diable Vauvert, 2001, 532 pages

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