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Jean-Philippe JAWORSKI a marqué la Fantasy française dès sa première publication, et confirmé avec la deuxième. Ce n'est donc rien de dire que son nouveau roman était très attendu, d'autant que celui-ci devait délaisser pour la première fois le Vieux Royaume.

Et en effet, cette première branche d'une trilogie intitulée Rois du monde est très différente des précédents écrits de l'auteur, y compris de ceux qui étaient réunis dans le recueil Janua Vera, et  dans lequel JAWORSKI s'essayait à divers styles de Fantasy. Si l'on retrouve tout de même son humour dans le titre du roman, le contenu de Même pas mort est on ne peut plus sérieux et s'inspire de l'histoire et de la mythologie celtique. Pour cela il nous conte une histoire de famille et de pouvoir dans une tribu celte, laquelle conduit à la quête initiatique du jeune Bellovèse, fils de Sacrovèse, ce dernier ayant été tué par son frère Ambigat, dépossédant de fait le premier du royaume qui devait lui revenir.

Présenté comme cela, on pourrait craindre que Jean-Philippe JAWORSKI n'ait tout simplement sombré dans une Fantasy éculée. Il n'en est rien, pour au moins trois raisons.

La première est liée à la structure du récit, Bellovèse nous racontant quasiment son histoire à rebours. Plus précisément, il nous raconte sa jeunesse en remontant le temps et en s'arrêtant sur les faits marquants qui l'ont jalonnés ; en s'imbriquant les uns dans les autres, ces faits permettent à l'auteur de développer un récit tout en nuances et d'une grande crédibilité. Il montre aussi qu'il en a une parfaite maîtrise.

On touche aussi ici à la deuxième grande force du roman : son ambiance. Jean-Philippe JAWORSKI intègre littéralement son lecteur parmi les celtes, que ce soit dans les villages, pendant les voyages ou au coeur des batailles. Le bestiaire traditionnel de la Fantasy est en outre quasiment absent, et vient uniquement servir la mythologie qui présidait alors au paganisme du peuple celte.

Bien sûr ces deux qualités n'auraient pu émerger sans la présence d'une troisième : l'écriture. Celle-ci est travaillée à l'extrême, ayant sans nul doute nécessité un énorme travail de documentation. Mais JAWORSKI ne se contente pas d'aligner des mots se voulant d'époque ; il sait aussi les agencer et rendre sa prose particulièrement belle, souvent à la limite de la poésie.

Alors bien sûr certains lecteurs pourront regretter la gouaille d'un Don Benvenuto Gesufal. Ce serait cependant faire peu de cas d'une oeuvre certes très différente, mais dotée de non moindres qualités.

Rois du monde, première branche : Même pas mort - Jean-Philippe JAWORSKI, illustration de Sébastien HAYEZ, Les moutons électriques collection La Bibliothèque voltaïque n° 26, 2013, 304 pages

Rois du monde, première branche : Même pas mort - Jean-Philippe JAWORSKI, illustration de Sébastien HAYEZ, Les moutons électriques collection La Bibliothèque voltaïque n° 26, 2013, 304 pages

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