Un Souvenir nommé empire - Arkady MARTINE

Mahit Dzmare, nouvelle ambassadrice de Lsel dans la capitale de l'empire Teixcalaanli, semble un peu jeune pour le poste. En effet non seulement l'empire hôte est puissant, expansionniste et volontiers manipulateur, mais l'entité invitée n'est qu'un avant-poste spatial ultra-technologique non dénué de faiblesses... Ainsi en est-il de la puce mémorielle - l'imago - d'Yskandr, prédécesseur de Mahit à ce poste, qui s'avère défectueuse quand, à sa mort, elle est implantée à la jeune femme. Dès lors, pour cette dernière, il devient compliqué d'appréhender pleinement l'univers dans laquelle elle est immergée subitement, et ce d'autant plus que son prédécesseur est mort dans des circonstances pour le moins troublantes...

Etonnant roman que ce Souvenir nommé empire. Premier roman d'une historienne, celle-ci développe une intrigue riche influencée par l'Histoire des empires byzantin (l'une des spécialités de l'auteure) et aztèque. C'est l'occasion pour Arkady MARTINE d'aborder une thématique à l'avenant autour du colonialisme, de l'identité culturelle, et du langage comme instrument de pouvoir. Le tout est mis en scène dans le cadre d'une intrigue éminemment politique où la simple erreur diplomatique peut avoir des conséquences fatales.

Intéressante en soi, force est de reconnaître que la richesse de cette intrigue est aussi sa plus grande faiblesse. Car Arkady MARTINE ne parvient à capter l'attention du lecteur à aucun moment. Au contraire, elle se perd dans des didactimes répétitifs sur un microcosme anecdotique alors même que l'univers dans lequel il évolue demeure dans le flou jusqu'à la dernière page. Dès lors la sanction est immédiate : le roman est (trop) long, plutôt vain dans ce qu'il veut montrer, et surtout profondément ennuyeux dès lors que l'on attend d'une fiction plus qu'une simple performance intellectuelle.

C'est pourquoi on peut aussi s'interroger sur le prix Hugo attribué à ce Souvenir nommé empire en 2020. Comme quoi le style ne semble pas l'apanage du petit monde des lettres françaises et peut toucher aussi les anglo-saxons. En l'occurrence ce n'est clairement pas pour le meilleur.