Deuxième recueil de nouvelles signé Jo NESBO, Rat Island a ceci de particulier qu'il relève moins du genre Policier que de la dystopie. En cinq récits l'auteur norvégien imagine des futurs sombres, tous prétextes à une réflexion sur des problématiques bel et bien contemporaines.
Ainsi en est-il de la nouvelle qui donne son titre au recueil, la plus longue, et qui met en scène un chaos consécutif à une pandémie, lequel va jusqu'à faire défaillir les institutions régaliennes. Dès lors les portes de la justice expéditive sont grandes ouvertes.
Une autre pandémie est traitée par le prisme de la recherche scientifique dans le domaine du prolongement de la vie humaine, et des effets secondaires qui pourraient en être induits. C'est le sujet de La Déchiqueteuse, glaçante deuxième nouvelle du recueil.
Suivent trois nouvelles plus psychologiques, voire intimistes. Les Cigales est une lutte à mort de deux amis épris de la même femme, et dans le cadre de réalités alternatives pendant les fêtes de Pampelune. Autre lutte, celle d'un père et de son fils dans une ferme d'élevage de serpents au cœur de l’Afrique ; c'est le sujet de L'Antidote dans laquelle NESBO démontre son talent pour exploiter et partager la tension. D'ailleurs le recueil s'achève sur un thriller dystopique prenant pour cadre une Milan tombée aux mains d’un cartel d’affairistes, et dans laquelle un psychiatre hypnotiseur se double d’un tueur à gages d’un genre très particulier ; c'est Le Cavalier noir, nouvelle construite comme une redoutable partie d’échecs.
Au final Rat Island pourrait bien déconcerter le lectorat traditionnel de Jo NESBO. En contrepartie il pourrait aussi l'élargir à un lectorat plus féru d'imaginaire. En cinq récits il convainc qu'il est à même de ne pas rester enfermé dans un genre dans lequel il a jusque-là le plus souvent brillé.