Troisième publication française de Deon MEYER, L'âme du chasseur met en scène Thobela Mpayipheli, surnommé «P'tit», une force de la nature, ancien agent des services secrets sud-africains formé par dans les années 1980 par le KGB. Tueur au sang froid terriblement efficace, il a été littéralement abandonné par les caciques du régime à la fin de l'apartheid en 1994. Après une période où il fut homme de main d'un trafiquant de drogues, il s'est définitivement rangé à la fin des années 1990 et mène une vie paisible au Cap avec sa concubine et son fils adoptif. Mais bientôt son passé resurgit par le biais d'un ami qui l'appelle au secours depuis la Zambie, l'honneur le contraignant à entamer un périple aussi long que périlleux sur les routes sud-africaines...
Véritable road movie littéraire, L'âme du chasseur est aussi un prétexte pour parler des multiples collusions dont l'Afrique du Sud était le théâtre à la fin de l'apartheid. Américains, russes et même islamistes radicaux y avaient des intérêts et n'hésitaient pas à tuer pour les sauvegarder. Cette dimension est d’ailleurs extrêmement complexe, mais contrebalancée ici par le rythme soutenu de la course-poursuite. Ce faisant Deon MEYER produit un roman d'action terriblement efficace tout en parvenant à faire prendre conscience à ses lecteurs de la sensibilité politique du pays. Les non spécialistes ne comprendront peut-être pas tout, mais pourraient bien être incités à se documenter plus avant.
L'âme du chasseur est donc une nouvelle réussite de Deon MEYER. Les lecteurs qui le suivent depuis le début noteront une fois de plus que L'âme du chasseur est relié à son précédent roman par le personnage, ici secondaire, de Zatopek van Heerden. En d'autres termes, et au fil de sa bibliographie, l'auteur semble vouloir nous raconter sa propre Histoire contemporaine de l'Afrique du Sud. Il ne fait d'ailleurs aucun doute que la plupart des lecteurs seront incités à la poursuivre.