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En voulant récupérer l'un de ses pigeons d'élevage, Calhoun Mooney entre, sans penser à mal, dans une maison en cours de déménagement. Une fois sur place il pose par hasard les yeux sur un vieux tapis qui l'envoûte littéralement ; en son cœur semble vibrer une vie constitutive d'un véritable monde parallèle.

Il ne le sait pas encore, mais Cal vient de découvrir la Trame qui contient elle-même la Fugue, un monde de contes et légendes peuplé de créatures merveilleuses. Ces dernières se font appelées les Devins et vivaient autrefois avec les Coucous (l'Humanité) mais les ont volontairement quitté pour échapper aux pogroms dont ils étaient victimes du fait de leurs pouvoirs magiques. Tout cela Cal le découvre peu à peu, avec l'aide de Suzanna, la petite fille de la propriétaire du tapis, récemment hospitalisée, et gardienne en titre de la Trame. Ils découvrent aussi qu'au sein de la Fugue se déroule une guerre sans merci contre le Fléau qui cherche à éradiquer toute forme de magie au sein de la Fugue.

Au premier abord, avec Le Royaume des Devins, Clive BARKER semble se lancer dans une quête initiatique à la sauce Fantasy urbaine. Pour autant, l'écrivain britannique ne sombre pas dans le simplisme et développe une intrigue touffue autour d'un multivers aussi complexe que pervers. Il évite en particulier l'écueil du manichéisme, la Fugue comme l'Angleterre de la fin du XXème siècle comportant leur lot de lieux et de représentants du Mal. D'ailleurs, Clive BARKER étant l'auteur que l'on sait, on ne s'étonnera pas que les caractères qu'il réussit le mieux soient des personnages maléfiques. C'est par exemple Shadwell, le brillant vendeur convaincu que ses boniments le conduiront jusqu'au pouvoir ; c'est encore Immacolata, devineresse déchue, qui avec les spectres de ses deux sœurs ne rêve que de vengeance ; c'est enfin Uriel, l'ange à la forme indéfinie qui, à force de solitude, serait devenu fou et incapable de maîtriser son feu divin qu'il destine à ceux qu'il juge impurs. A eux trois, et quelques autres, ils impulsent un rythme soutenu au roman grâce à de nombreuses scènes chocs.

A côté d'eux les véritables héros du roman semblent bien ternes. D'ailleurs ils ne parviennent pas à atténuer la sensation de longueur qui ressort in fine de cette lecture, ni à éviter un certain agacement quant à la façon qu'a Clive BARKER de traiter ce qui est son véritable sujet : une critique en bonne et due forme de la société de consommation. Si l'idée n'est pas mauvaise en soi, son développement sur près d'un millier de pages semble pour le moins exagéré. Cela devrait conforter nombre d'amateurs de l'écrivain britannique qu'il est avant tout un excellent nouvelliste, et qu'avec Le Royaume des Devins il n'avait alors pas encore fait ses preuves dans le format long.

CITRIQ

Le Royaume des devins - Clive BARKER (Weave World, 1987), traduction de Jean-Daniel BRÈQUE, illustration de Michel KOCH, Gallimard collection Folio SF, 2010, 928 pages

Le Royaume des devins - Clive BARKER (Weave World, 1987), traduction de Jean-Daniel BRÈQUE, illustration de Michel KOCH, Gallimard collection Folio SF, 2010, 928 pages

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