La tache - Philip ROTH

En 1998 le viel universitaire Coleman Silk se rapproche de l'obscur écrivain Nathan Zuckerman pour lui demander d'écrire son histoire. Car depuis deux ans la vie de Silk se délite, les accusations de racisme dont il a été l'objet ayant précipité sa retraite de l'université d'Athena (institution fictive du Massachusetts), provoqué probablement la mort de sa femme, et entraîné d'autres accusations plus sordides les unes que les autres. En cette fin de vingtième siècle la rumeur est en effet force de loi, à même de porter au pinacle la vie d'un homme, ou de l'abattre encore plus vite.

L'écrivain, double littéraire à peine dissimulé de Philip ROTH, accepte presque malgré lui la mission qui lui est confiée et remonte les décennies de manière déstructurée pour raconter l'histoire de Silk et de ceux qui l'ont approché de plus ou moins près. De fil en aiguille il reconstitue la tragédie d'une vie et révèle un secret qui explique bien des choses, et surtout la vacuité des accusations dont Silk est la victime.

En toile de fond c'est la société américaine dans son entier, et dans son évolution de l'immédiat après-guerre à l'affaire Lewinsky, que ROTH représente. Ainsi montre-t-il comment l'identité d'un homme est façonné par un contexte social sur lequel il n'a aucune prise et qui peut se révéler aussi constructif que destructeur.

Le tout fait de La tache une oeuvre riche, pleine de références littéraires, en particulier européennes. Mais dans le même temps, il s'agit d'une oeuvre facile à lire grâce à un style toujours plaisant et un rythme si ce n'est soutenu du moins maîtrisé. Ce sont incontestablement les marques d'un grand roman, d'ailleurs doté du PEN/Faulkner Award aux Etats-Unis et du Prix Médicis étranger en France.