Olivier NOREK s'est fait remarquer dans les années 2010 avec une trilogie de polars fortement inspirés de son passé dans la police judiciaire de Seine-Saint-Denis. Depuis il poursuit sa carrière d'écrivain avec des thrillers construits autour de thématiques sociales. Aujourd'hui il se lance dans le roman historique.
Les Guerrier de l'Hiver raconte un épisode méconnu de la Seconde Guerre mondiale, une guerre dans la guerre de quelques semaines entre la Finlande et la Russie pendant l'hiver 1939-1940. Celle-ci fait suite à l'échec de négociations pour établir une zone tampon proche de Leningrad pour la protéger la ville russe des velléités d'Hitler d'extension de son Troisième Reich. Staline étant convaincu que ses troupes ne feront qu'une bouchée du minuscule territoire finlandais, il tente d'obtenir par la force ce qu'il n'a pu négocier. Ce faisant il omet la vaillance et la fierté nationaliste d'un peuple farouchement indépendant et habitué, lui, au rude climat de son pays.
C'est cette résistance finlandaise qu'Olivier NOREK raconte dans son roman. Pour cela il s'inspire de documents officiels de l'époque et, surtout, met en scène un personnage emblématique de cette Guerre d'hiver, Simo Häyhä, tireur d'élite surnommé « La mort blanche » par les russes, et considéré depuis comme le meilleur sniper de tous les temps par la communauté internationale.
Personnage taiseux, fermier entraîné malgré lui dans une improbable guerre, il se révèle un redoutable tueur en appliquant les méthodes de chasse qu'il a apprise avec son père et par la pratique dans les espaces sauvages finlandais. Alors qu'il voit nombre de ses proches tomber les uns après les autres, Simo continue envers et contre tout et se façonne ainsi une incroyable destinée.
Historiquement très précis, et manifestement juste, Les Guerriers de l'Hiver peut paraître un peu froid dans le descriptif du déroulé de cette courte guerre. Si la personnalité de Simo y est pour beaucoup, il faut prendre ce récit comme un hommage au Sisu, l'âme finlandaise, que le personnage principal représente à lui seul. Le lecteur français pourra lui s'amuser des tergiversations du gouvernement Daladier dans le soutien à apporter, ou non, à la Finlande. L'Histoire dira que l'aide arriva bien après cette guerre, et qu'elle fut néanmoins facturée six ans plus tard…
Aujourd'hui le roman est inscrit dans la première sélection du prix Goncourt 2024. Un évènement notable tant pour l'éditeur (Michel Lafon, généralement considéré trop grand public pour l'illustre institution…), que pour l'auteur (d'ores et déjà comparé à Pierre LEMAITRE relativement à son histoire personnelle d'auteur…).