La station est un monde à part entière. Très loin dans l'espace et le temps, elle accueille un melting-pot d'espèces venues d'un peu partout dans l'univers plus ou moins connu, lesquelles se mélangent au gré des rencontres et des affinités. Les générations s'enchaînant, les stationniens se définissent d'ailleurs désormais plus en fonction de leurs pourcentages génétiques qu'en fonction de leurs origines. En façade la station est donc un modèle d'intégration qui permet au vivant quel qu'il soit de s'adapter à l'autre et de dépasser toutes les contraintes physiques.
Pour autant, sous le vernis, il existe de profonds désaccords parmi les stationniens, certains oeuvrant pour d'avantage de métissage (les Fusionnistes), d'autres militant pour la séparation interespèce (les Spéciens). Une femme lambda, de par ses choix, va exacerber ces tensions et présider au devenir de la station et de ses habitants...
Certains lecteurs ont pu découvrir Audrey PLEYNET avec son excellente nouvelle récompensée par le prix des lecteurs Bifrost 2022. Elle réitère quelques mois plus tard dans un format un peu plus long (environ 30 000 mots) dans l'excellente collection Une Heure-Lumière du Bélial'. Et à nouveau elle nous plonge dans un univers aussi riche que bien construit qui peut s'inscrire dans cette Histoire du futur de l'Humanité que la jeune auteure semble vouloir explorer.
Si en cela son récit s'avère une nouvelle fois solide, on reste en revanche sur notre faim quant à sa dimension humaine. Car si PLEYNET a la volonté d'y insérer une bonne part d'émotion dans la mise en scène de son héroïne (et de son enfant), elle n'y parvient pas tout à fait du fait même de la richesse de son univers. En fait elle ne réussit pas à l'incarner dans un monde aussi riche que fascinant, la vie de cette femme demeurant finalement assez fade, si ce n'est froide, alors même que l'objectif était tout autre.
Mais que l'on ne s'y trompe pas, Rossignol n'est pas un mauvais texte pour autant. Il n'est tout simplement pas aussi abouti qu'on aurait pu le souhaiter, peut-être d'ailleurs parce qu'il y avait matière à écrire un roman et non simplement une nouvelle, aussi longue soit-elle.