Avec sa cuvée 2022 Michel BUSSI s'essaye à la Science Fiction. Il nous projette en effet en 2097, année du centenaire de la téléportation. En un siècle la physique quantique a fait de tels progrès que désormais l'Humanité toute entière est en mesure de se déplacer où bon lui semble, instantanément. Ainsi n'est-il pas rare que certains vivent à un endroit de la planète tout en travaillant à un autre, voire même en s'organisant une soirée à un autre endroit encore. Conséquence immédiate : les frontières n'ont plus de sens, les langues non plus (l'espagnol est devenu la langue universelle), et la planète est dirigée par un unique consortium, l'Organisation Mondiale des Déplacements, toute puissante dans l'instauration des règles à respecter par tout un chacun.
Cette concentration du pouvoir a eu le mérite d'abolir toute forme de conflits et, en apparence au moins, la contestation est inexistante, femmes et hommes vivant heureux où ils le veulent sur la planète, n'ayant plus besoin de s'entasser dans des villes surpeuplées et invivables. Mais est-ce bien réellement le cas ? Quand une dizaine de retraités est sauvagement assassinée sur un île de Polynésie, trois policiers, un journaliste et une institutrice curieuse commencent à douter. Et Michel BUSSI retrouve ce qu'il fait traditionnellement, à savoir le développement d'un récit sous forme de thriller survitaminé.
Comme son titre le suggère, Nouvelle Babel est aussi une variation sur l'épisode biblique bien connu. Les connaisseurs de la Genèse comprendront donc que tout n'est pas pour le mieux dans cette nouvelle organisation mondiale, tout l'enjeu du roman étant de comprendre qui et pourquoi d'aucuns tentent de manipuler l'Humanité à son unique profit…
Le tout est facile et se lit comme une série B, sans déplaisir particulier mais avec un intérêt somme toute limité. Car Michel BUSSI n'est définitivement pas un auteur de Science Fiction et le développement son univers se fait au prix d'une certaine naïveté dans le propos. Les spécialistes du genre pourront d'ailleurs s'en agacer, à moins qu'ils ne tentent même pas l'expérience de cette lecture, cette thématique ayant déjà été maintes fois abordée, et bien mieux, notamment plusieurs décennies auparavant. Par moment on a même l'impression de retrouver l'ambiance de certaines séries des années 1970. Les autres lecteurs pourront donc y voir un divertissement sans prétention, un véritable page-turner très clairement calibré pour une adaptation cinématographique.
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