Le corps martyrisé d’un garçon de onze ans est retrouvé dans le parc de la ville imaginaire de Flint City. Les témoins, les empreintes digitales, et même l'ADN désignent aussitôt le coupable : Terry Maitland, professeur d'anglais et coach sportif, marié et père de deux fillettes. Peu importe que Maitland affirme qu'il est innocent et qu'il soit doté d'un solide alibi, dans la population la stupeur fait rapidement place à la haine contre cet homme jusque-là au-dessus de tout soupçon et respecté...
L'outsider est le nouveau roman de Stephen KING. Il démarre comme un thriller et met littéralement en scène la vindicte populaire d'une petite ville contre un seul homme désigné coupable avant tout jugement. C'est très clairement la partie la plus intéressante, laquelle propose une véritable sociologie d'une ville moyenne américaine peuplée d'hommes et de femmes tout aussi moyens. C'est surtout l'occasion de montrer et d'analyser les effets dévastateurs de l'erreur judiciaire, sur la victime elle-même, mais également sur ses proches et ses accusateurs.
La seconde partie du roman devient toutefois plus classique relativement à la bibliographie traditionnelle de l'auteur. L'enquête va en effet progressivement pénétrer dans le surnaturel en menant les protagonistes au Texas, dans les vestiges d'une grotte amérindienne et en s'inspirant d'une vieille légende mexicaine. Les habitués de KING retrouveront à ce niveau sa patte traditionnelle et son don pour engendrer la peur.
On ne sera pas surpris non plus de retrouver des personnages parfaitement caractérisés. Ils sont nombreux, mais on citera plus particulièrement Terry Maitland dans le rôle du coupable désigné un peu trop facilement, et Ralph Anderson dans celui du flic zélé contraint de se rendre à l'évidence. Mais qu'on ne s'y trompe pas : KING n'a rien perdu de son talent pour nous faire partager les émotions de ses personnages.
Au final L'outsider est un excellent cru dans l'oeuvre de Stephen KING. On appréciera tout particulièrement la première partie en tant que sociologie d'une communauté face à une culpabilité un peu trop évidente, mais le classicisme relatif de la seconde de démérite pas, surtout si le lecteur est déjà un inconditionnel de l'auteur américain.