Luna : Lune du loup - Ian McDONALD

Comme souvent avec le deuxième tome d'une trilogie, Lune du loup est un opus de transition. Deux années se sont écoulées depuis le final impressionnant de Nouvelle Lune et l'éradication quasi totale de la famille Corta, l'un des cinq Dragons. Les Mackenzie, architectes de la chute des premiers, se repaissent sur le cadavre encore fumant ; les Sun, plus sournois, développent une stratégie d'affaiblissement de ses adversaires ; les Vorontsov, peut-être les plus mercantiles, vendent leurs services au plus offrant ; les Asamoah enfin cultivent leur neutralité, tout du moins de façade. Mais dans l'ombre, les rares survivants des Corta pensent à leur vengeance, en particulier Lucas, l'héritier direct du consortium...

Lune du Loup est donc l'occasion de faire plus précisément connaissance avec l'ensemble des protagonistes qui se partagent, ou plutôt se déchirent, l'exploitation des ressources lunaires, et donc le pouvoir. Moins impressionnant que Nouvelle Lune en termes d'action, le récit se développe autour d'une intrigue politico-économique touffue qui demande une lecture attentive pour en appréhender l'ensemble des ressorts. C'est très clairement à ce titre que l'oeuvre est comparée à Game of Thrones ; c'est aussi cela qui lui donne toute sa force.

Roman de transition donc, mais roman riche d'informations sur un univers à la fois loin et proche du notre, Lune du Loup démontre une fois de plus que Ian McDONALD est un maître quand il s'agit d'exploiter des concepts complexes dans une mise en scène quasi shakespearienne de la tragédie humaine. A ce titre, comme on l'avait déjà senti avec le premier tome, il semble avoir trouvé avec Luna l'équilibre parfait. On en jugera définitivement avec l'ultime tome de la trilogie.

Cette chronique ayant été réalisée consécutivement à la réception d'un service de presse, j'en profite pour remercier ici les éditions Denoël, et la collection Lunes d'Encre.