Tara Martin a mystérieusement disparu il y a vingt ans, alors qu'elle avait à peine 17 ans. Bien que son corps n'ait jamais été retrouvé, tous ses proches la croient morte. Pourtant, ce soir de Noël, elle frappe à la porte de ses parents. La stupeur de ses proches est d'autant plus forte qu'elle ne semble en rien changée, arborant toujours le physique d'une belle adolescente...
Dès lors Tara tente d'expliquer qu'elle a été enlevée par les fées et qu'elle a été retenue l'équivalent de 6 mois en faerie. La rationalité de ses parents, de son frère, désormais un homme mûr père de famille, et de son petit ami de l'époque, qui ne s'est jamais vraiment remis de sa disparition, est alors mise à rude épreuve ; ils font même appel à un psychiatre pour analyser et soigner la psyché de Tara. Les faits sont pourtant bel et bien là : depuis son retour une menace rôde, son petit ami se faisant même agresser et développant une tumeur au cerveau...
Sur ce fond, Graham JOYCE développe une très jolie fantasy opposant l'univers éthérique du conte à la rationalité physique du monde réel. En l’occurrence il s'appuie sur les relations familiales de la famille Martin, théâtre de la confrontation entre l'« éternelle » jeunesse de Tara et la jeunesse perdue de ses proches. En filigrane également, l'auteur s'intéresse aux relations entre hommes et femmes, prêtant par exemple au personnage du psychiatre une vision très freudienne de l'histoire de Tara (tout s'expliquerait par un désir inconscient très féminin).
Si de ce dernier point de vue JOYCE a recours à quelques facilités, il se révèle surtout un formidable conteur. C'est avec un plaisir non dissimulé que le lecteur se plonge dans cette histoire, acceptant d'autant plus l'histoire de Tara qu'elle est traitée avec élégance par petites touches délicates. Comme un conte est donc un excellent roman, d'ailleurs doté du Robert Holdstock Award de la British Fantasy Society (2013) ainsi que du prix Imaginales pour sa traduction française (2015).