Entre saga familiale et western contemporain, Le fils de Philipp MEYER est un roman à trois voix couvrant trois générations d'une famille texane du milieu du XIXème siècle à nos jours.
Il y a d'abord Eli McCullough, le patriarche fondateur d'un véritable empire financier. Mais avant cela il aura connu la vie chez les Comanches, puis la conquête de l'Ouest dans le cadre de la Texas Rangers Division et la guerre de Sécession, du côté confédéré. Chacun de ces épisodes aurait suffit à faire de lui un personnage légendaire, mais le « Colonel », tel qu'on le surnomme depuis son passage chez les Texas Rangers, ne fait pas dans la demi-mesure et les cumule.
A l'autre extrémité de l'arbre généalogique il y a Jeanne-Anne McCullough, femme d'affaires ambitieuse et sans scrupules, qui se retrouve à la tête de l'empire familial et assure, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, la transition d'une économie de l'élevage à une économie pétrolière.
Et entre les deux, au début du XXème siècle, il y a Peter, fils d'Eli et grand-père de Jeanne-Anne. En désaccord avec les agissements de son père, il fait tâche dans l'inexorable ascension de la famille et fini par se révolter. Devenant malgré lui acteur de la révolution mexicaine (les années 1910), son destin s'en voit bouleversé, ainsi que celui de toute la famille...
Philipp MEYER alterne les trois voix, déstructurant habilement le récit et développant une fine réflexion sur la condition humaine vouée in fine à l'entropie générée par les vicissitudes de l'Histoire. Les personnages mis en scène sont forts, les reconstitutions historiques pertinentes, en particulier le long épisode de la vie d'Eli chez les Comanches. Le tout est passionnant, jamais ennuyeux, parfois bouleversant. Finaliste du prix Pulitzer en 2014, face au Chardonneret de Donna TARTT, Le fils a de fait toutes les caractéristiques d'un grand roman. A titre personnel j'irai même jusqu'à parler de chef d'oeuvre.