A la fin du XIXème siècle, New York n'est pas encore la métropole internationale qu'elle deviendra bientôt, mais comporte déjà en son sein tous les éléments qui lui permettront d'accéder à ce statut. Depuis la boutique de cigares de son père, le jeune Martin Dressler en a une conscience aiguë et rêve de participer à cette ascension en concrétisant ses propres rêves. C'est d'abord sa propre civette dans le hall de l'hôtel où il est groom, puis un restaurant qui sera le premier d'une chaîne à succès, et enfin un empire hôtelier...
Martin Dressler, ou le roman d'un rêveur américain, conte dans le sens le plus littéral du terme la destinée d'un self-made-man à l'américaine. Steven MILLHAUSER adopte en effet les codes du réalisme magique pour donner vie aux rêves d'un homme dans un New York à la croisée des siècles par ailleurs parfaitement reconstitué. Ainsi n'utilise-t-il jamais le mot « dollar » pour rendre compte de l'ascension, et de la chute, de Martin, lui préférant les métaphores de la démesure d'une ambition dans un monde qui ne semble pas avoir de la limites.
Ces limites sont pourtant bel et bien réelles, Martin Dressler en faisant les frais quand son grand oeuvre, un monde à part entière dans la cité, doit s'incliner face au prosaïsme des réalités économique et culturelle. Quant à MILLHAUSER il signe ici une petite pépite littéraire, d'ailleurs lauréate du Pulitzer en 1997.