Dennis LEHANE nous avait raconté l'ascension de Joe Coughlin ; avec Ce monde disparu il passe à sa chute.
On est en 1943. Si l'Amérique est en guerre, la mafia demeure prospère. En Floride, Coughlin a passé la main à son « frère » et ami Dion Bartolo mais demeure influent en termes d'organisation des trafics et de contacts dans les plus hautes sphères. Sa position semble on ne peut plus confortable, aussi lucrative que parfaitement assise, puisque gage d'importants profits pour tous, et surtout pour la famille Luciano. Pourtant, il apprend un jour qu'un contrat a été passé sur sa tête et n'a dès lors de cesse que de découvrir qui est son ennemi, s'il existe réellement...
Dennis LEHANE nous dépeint alors un personnage écartelé entre son rôle de personnage influent de la mafia et de père veuf élevant seul son jeune fils. Une fois de plus, et à sa façon, il se fait profondément humaniste dans un univers sombre et violent. Quelque part il fait aussi un pont avec le premier tome de ce que l'on appelle désormais la trilogie Coughlin, en faisant également de Ce monde disparu un roman historique sur la mafia américaine dans une phase de transition. En effet, si son parrain demeure Lucky Luciano, celui-ci est emprisonné depuis 1936 et la Commission des cinq familles qui régente le Syndicat national du crime a été démasquée par le Sénat américain en 1940.
On retiendra aussi le choix de LEHANE pour une écriture plus resserrée que dans le précédent volume de la série, donnant à son récit mélancolique un rythme soutenu du plus bel effet.