Un vétéran du Vietnam devenu shérif dans une petite ville du Mississippi, le meurtre atroce d'une jeune fille découvert 20 ans après les faits, une enquête sur le second qui permet au premier de trouver le salut... Le britannique Roger Jon ELLORY poursuit sa revisite du roman noir américain en exploitant les ficelles du nouveau journalisme comme pouvait le faire Truman CAPOTE en son temps, et en mettant en scène des personnages torturés, un peu à la façon de Jim THOMPSON.
Bien qu'inspiré, le résultat est toutefois personnel et fort réussi grâce à la capacité de l'auteur à dépeindre avec finesse la psychologie de ses personnages. Il s'attarde bien sûr longuement sur le shérif John Gaines, personnage meurtri par un conflit oriental vain qu'il a vécu de l'intérieur, et qui retrouve dans sa petite ville américaine une forme d'horreur qui ne s'avère finalement pas si différente. Il nous parle aussi d'une communauté qui s'est construite autour d'innombrables non-dits et autres vérités cachées. En fait, avec Les neuf cercles, ELLORY réplique à bien des égards ce qu'il avait fait avec Seul le silence, changeant simplement les unités de temps et de lieu.
Les habitués d'ELLORY auront donc probablement une sensation de déjà-lu, de même que les amateurs de romans noirs américains. Pour autant il maîtrise si parfaitement son sujet que cette lecture demeure plaisante de bout en bout et pourrait même faire figure de référence pour sa façon d'aborder le roman noir humaniste.