Richard Collier se sait condamné par sa tumeur au cerveau. En cette fin d'année 1971, il a 36 ans et décide de passer ses derniers mois à voyager au hasard. C'est ainsi que dans un vieil hôtel au bord du Pacifique californien il tombe sous le charme du portrait d'une actrice dont la carrière a démarré à la fin du XIXème siècle, et qui est décédée depuis près de 20 ans. La bibliothèque municipale et les archives de l'hôtel lui apportent des bribes de son histoire, et bientôt la curiosité se transforme en admiration, puis en amour aussi sincère que puissant. C'est d'ailleurs cette puissance qui lui permet de remonter le temps et de se retrouver dans ce même hôtel en 1896, à la veille d'une représentation de celle qu'il aime désormais plus que tout au monde...
A au moins deux égards Le jeune homme, la mort et le temps n'est pas sans rappeler Le voyage de Simon Morley de Jack FINNEY. C'est d'abord l'absence totale de technologie nécessaire pour le voyage temporel ; c'est ensuite la part belle donnée à un lieu relativement peu étendu et qui contribue à instaurer une ambiance particulièrement réussie. En revanche, là où FINNEY développait une intrigue pleine de rebondissements, Richard MATHESON se fait plus intimiste et se concentre sur la psychologie d'un personnage dont on ne sait pas s'il est tout à fait sain d'esprit, et sur une histoire d'amour aussi improbable qu'émouvante.
Et cela fonctionne à merveille. Comme le frère de Richard Collier, qui publie le journal de son frère, le lecteur se laisse transporter volontiers par cette histoire très personnelle. Il sait que sa véracité est douteuse, mais il préfère y croire, tant elle est belle et tragique, plutôt que de partir en quête d'éléments cartésiens qui viendraient la ternir.