A la fin des années 1940, le jeune John Grady Cole assiste impuissant à la disparition du seul monde qu'il connaît et dans lequel il a toujours projeté son avenir. Ce monde c'est celui des ranchs et du travail du bétail et des chevaux. A la mort de son grand-père, fondateur du ranch familial, et avant la vente définitive de ce dernier, il décide avec son ami Lacey Rawlins de quitter le Texas à cheval pour se rendre au Mexique et tenter d'y trouver une vie conforme à leurs aspirations. Hélas, cette quête pleine d'espoirs s'avère tourmentée, souvent violente, voire meurtrière.
Avec De si jolis chevaux débute le triptyque connu sous le nom de Trilogie des confins. Cormac McCARTHY nous y propose un véritable « western » d'un temps qui n'est pas encore tout à fait moderne, mais qui n'est plus non plus ancré dans une tradition constitutive de l'imaginaire collectif américain. A cet égard, il nous propose un récit sombre et violent doté d'une profonde humanité, le destin de John Grady Cole étant digne de celui des personnages shakespeariens les plus tragiques. McCARTHY ponctue par ailleurs son récit d'envolées élégiaques rendant compte de la façon dont la nature est bafouée par les hommes et leur technologie. C'est par exemple la très belle scène dans laquelle un cheval est affolé par le camion qui emprunte la même route poussiéreuse que son cavalier.
De si jolis chevaux est un roman poignant alliant superbement action et lyrisme, intérêt de l'intrigue et puissance de la prose. Il n'est donc pas surprenant que l'oeuvre ait reçu l'un des plus prestigieux prix littéraire américain (le National Book Award). Le lecteur n'aura pour sa part qu'une envie : poursuivre au plus vite son exploration des confins selon Cormac McCARTHY.