La Compagnie K de l'US Marines Corps arrive en France en 1917 et en repart après la signature de l'armistice. William MARCH en faisait partie, est revenu avec de multiples décorations, et mettra quinze ans à compiler des anecdotes inoubliables. Cela prend la forme de cent treize témoignages de membres cette unité, cent treize hommes qui ne reviendront pas tous, loin de là, qu'ils soient officiers ou simples soldats. Tous racontent ce qu'ils voient, ce qu'ils vivent et ce qu'ils ressentent. Ce sont tantôt des séquences de quelques secondes, parfois des scènes de plusieurs semaines, le tout constituant une Histoire de la Première Guerre mondiale vue par les américains, vision qui demeure aujourd'hui relativement méconnue.
Cela étant posé, la guerre américaine dans un conflit circonscrit au territoire européen n'est guère différente de l'idée que le lecteur français peut en avoir aujourd'hui, et qui est entrée dans l'imaginaire collectif. C'est une guerre horrible (mais quelle guerre ne l'est pas ?) et absurde (certains ordres étant au mieux hasardeux, au pire totalement incohérents, faut-il réellement les exécuter ?). Elle est faite par des êtres humains qui, repoussés dans leurs retranchements, souhaitent parfois mettre fin à une existence qui n'a plus de sens à leurs yeux, parfois sombrer dans une inhumanité sans limite. Entre ces deux extrêmes, il reste des hommes qui après vécu quelques mois de bruit et de fureur, vivront des années de souffrance silencieuse.
Dépourvu de tout artifice littéraire, Compagnie K est un roman brut sur ce qui est certainement une des périodes les plus sombres de l'Histoire de l'humanité. Les cent treize témoignages ont beau être fictifs, ils nous plongent inévitablement dans la réalité d'un conflit vécu de l'intérieur, à défaut d'en comprendre réellement la genèse. A la veille de la célébration du centenaire de la Première Guerre mondiale, c'est une édition française aussi tardive que bienvenue.