Dans les années 1950, le marshal Edward Daniels et son coéquipier débarquent sur Shutter Island, une petite île au large de Boston entièrement occupée par un hôpital psychiatrique réservée aux criminels les plus dangereux. Ils doivent enquêter sur la disparition d'une patiente dans des conditions particulièrement mystérieuses. Une fois sur place, ils sont confrontés à un mur de silence, voire à des oppositions à peine masquées...
Shutter Island est un huis clos terriblement sombre. D'une part l'univers psychiatrique et carcéral qui y est décrit est pour le moins angoissant, sentiment accentué par la tempête qui balaye l'île pendant les quatre jours de l'enquête. D'autre part le personnage principal est lui-même hanté par ses démons personnels, ceux de la guerre en Europe et de la libération des camps de concentration, et ceux de la mort tragique de sa femme deux ans auparavant. Son enquête le conduit d'ailleurs sur un fil ténu qui sépare la schizophrénie avérée des patients de Shutter Island, et celle plus sournoise qui le guette à chaque instant.
Avec une telle présentation du roman, le lecteur peut avoir une impression de "déjà-lu". De fait, la description de l'univers psychiatrique n'est pas sans rappeler Vol au-dessus d'un nid de coucou de Ken KESEY, ou Les mille et une vies de Billy Milligan de Daniel KEYES, par exemples. Mais là où Dennis LEHANE se démarque c'est dans sa propension à plonger ses lecteurs dans les angoisses intimes de ses personnages afin de véritablement leur faire vivre de l'intérieur ; en l'occurrence c'est bel et bien avec Ted Daniels qu'ils vivent une lente descente dans les enfers de la schizophrénie.
Ajoutons à cela une intrigue solide, des dialogues efficaces et un final particulièrement percutant et nous obtenons avec Shutter Island un brillant thriller.