Roman culte des années 1990, American Psycho est le journal de Patrick Bateman, flamboyant yuppie de 27 ans à New York. Patrick est beau, riche et intelligent, comme tous ses amis, et il le sait. Il ne porte que les marques les plus à la mode, fréquente les restaurants les plus chics, où il est impossible d'obtenir une réservation si l'on n'est pas quelqu'un, sniffe de temps en temps une ligne de coke... Bref, Patrick Bateman est imbuvable, la parfaite caricature de la tête à claques.
Il a de plus une particularité : c'est un psychopathe. À l'abri dans son appartement hors de prix, au milieu de ses gadgets dernier cri et de ses meubles en matériaux précieux, il tue, décapite, égorge, viole. Sa haine des animaux, des pauvres, des homosexuels et des femmes est illimitée. Il aime tout particulièrement se livrer à des actes de torture sur ces dernières, ce qui donne d'ailleurs lieu à quelques chapitres assez insoutenables dans le roman.
En bref, il est bien difficile de trouver la moindre trace d'humanité dans ce personnage. Bret Easton ELLIS décrit de manière froide et progressive la véritable nature de Patrick Bateman, sans jamais toutefois chercher une explication à ses pulsions destructrices. Son propos est de montrer la vacuité de sa vie et la montée en puissance de sa folie. A ce dernier titre, l'exercice est d'ailleurs particulièrement réussi puisque le lecteur peut se demander en refermant le roman si les pulsions meurtrières de Bateman ne sont finalement pas qu'imaginaires.
Quoi qu'il en soit, American Psycho est un roman difficile à lire à au moins deux titres. Le premier est la crudité des scènes de meurtre, le second le style oral du récit. Le narrateur étant Patrick Bateman lui-même la prose est hachée et truffée de référence à des marques diverses et variées. Si cela rend bien compte de l'état d'esprit du personnage, répété sur près de 500 pages, l'exercice devient vite lassant, voire pénible.