Suite directe des Chiens et la Charrue, La Maison des Veilleurs fait quelque peu figure de tome de transition dans le cycle de Syffe.
On y retrouve bien sûr le personnage qui donne son nom au cycle. Et cette fois il est pleinement mercenaire à la solde d'Aidan Corjoug, seigneur-primat de Bourre. La solde est d'ailleurs confortable, à la mesure de la fragilité de l'alliance entre la noblesse de Bourre et la bande de Syffe…
C'est de cet état que rend principalement compte La Maison des Veilleurs. En quatre épisodes constituant chacun un Livre, on y suit les aventures plus ou moins violentes de Syffe et de ses acolytes, mais on se fait aussi, et peut-être surtout, observateur de la valse des alliances et trahisons dans un climat de guerre civile propice aux enjeux de pouvoirs.
D'aucuns rétorqueront que c'était déjà le cas dans Les Chiens et la Charrue. Certes. Mais c'est aussi l'occasion pour Patrick K. DEWDNEY de donner encore un peu plus d'épaisseur à son personnage principal, lequel se livre à une véritable introspection en tant que narrateur. Désormais adulte, on peut considérer qu'avec La Maison des Veilleurs on assiste à l'éveil de la conscience politique de Syffe.
Alors en refermant ce roman, nombre de lecteurs considéreront qu'il ne s'y est finalement pas passé grand-chose, et ils auront raison. Mais son intérêt est à rechercher dans la richesse de la prose de son auteur, se hissant ainsi à la hauteur d'un JAWORSKI ou d'un PLATTEAU, ainsi que dans la finesse de la caractérisation de son personnage principal. Les amateurs de romans où l'ambiance prime sur l'action apprécieront. Les autres y réfléchiront à deux fois, d'autant que le roman pèse son poids.