Celui qui veille - Louise ERDRICH

Après le National Book Award en 2012, Louise ERDRICH s'est vue récompensée par le Pulitzer en 2021 avec Celui qui veille.

Car Louise ERDRICH est devenue une figure incontournable des lettres américaines et amérindiennes. De fait Celui qui veille est un très beau roman comportant d'une part une large part autobiographique (le personnage de Thomas Wazhashk est largement inspiré du propre grand-père de l'auteure), mettant d'autre part en scène la vie dans les réserves d'une manière on ne peut plus réaliste.

L'intrigue nous projette en 1953 dans la réserve de Turtle Mountain dans le Dakota du Nord dont l'existence précaire, mais néanmoins bien installée, est menacée par une résolution du Congrès des Etats-Unis visant à abroger les traités de nation à nation qui avaient été conclus avec les tribus indiennes pour « aussi longtemps que l’herbe poussera et que l’eau des rivières coulera ». Derrière la volonté d'assimilation il y a surtout celle de « terminer » l'existence des tribus indiennes, avec tout ce que cela implique en termes de moyens pour financer l'autonomie d'un peuple privé de réels moyens d'existence depuis plus d'un demi siècle. C'est de cela dont est conscient Thomas Wazhashk. Et c'est contre cela qu'il se bat avec ses petits moyens, mais aussi avec la puissance de sa culture, de plus transmise aux jeunes générations, ici personnifiées par sa nièce Pixie.

Celui qui veille ne galvaude donc pas son Pulitzer. Pour le lecteur non américain il sera d'autant plus fort que la condition amérindienne ne lui sera pas totalement inconnue, Louise ERDRICH étant plutôt avare dans la distillation des éléments de contexte et culturels.