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Teresa Simons, agent du FBI, vient de perdre son mari dans une tuerie aux Etats-Unis. Son deuil, elle vient le faire non pas sur les lieux du crime, mais à Bulverton, dans le sud de l'Angleterre, où un autre détraqué a tiré froidement sur la foule, le même jour et à la même heure que lorsque son mari a perdu la vie. Elle y voit en effet une coïncidence troublante qui la conduit à s'interroger sur la nature des deux évènements. Il faut dire que Teresa a été formé aux sessions ExEx, les extrêmes, qui plongent les acteurs dans des mondes virtuels reconstituant des situations de crise réelles. Si le plus grand nombre n'y voit que des jeux, certains y voient un moyen de montrer qu'une mort violente est une question de destinée, d'autres que seul le hasard est alors en jeu...

Voici donc une intrigue à la mesure de Christopher PRIEST. Entre réalité et virtualité la frontière est ténue et PRIEST aime à y conduire ses lecteurs. Et cette fois-ci il le fait sur la base d'une intrigue tragique et particulièrement dure qui lui permet non pas de faire se succéder des scènes de meurtres, mais de s'intéresser à des sentiments bien plus profonds et humains, ceux du deuil et de son corollaire, la résignation. Pour cela il s'intéresse essentiellement à la personnalité de Teresa Simons qui, en menant une enquête officieuse à Bulverton, s'intéresse aux sentiments des différents protagonistes locaux en même temps qu'elle fait un retour en arrière sur sa propre vie. Mais en se plongeant  et se replongeant dans les scenarii ExEx, elle revit aussi les situations de l'intérieur et selon différents points de vue. C'est ainsi qu'elle croit qu'elle pourra comprendre l'objet de tous ces massacres en général, de ceux de Bulverton et de celui qui a été fatal à son mari en particulier.

Mais avec PRIEST, rien n'est définitif et tout reste ouvert, même après le dénouement de son intrigue. C'est aussi sa marque de fabrique, celle qui permet au lecteur qui y adhère de prolonger sa réflexion bien après qu'il ait refermé le roman. En amont, on retrouve dans Les extrêmes une écriture qui allie simplicité et précision, où chaque paragraphe, chaque phrase, et même chaque mot a son importance. C'est en cela, et aussi parce que son récit n'est pas linéaire, que la lecture de PRIEST est complexe. Un simple manque d'attention, et c'est une idée forte à côté de laquelle le lecteur pourrait bien passer. Et si cela se répète trop souvent, c'est l'intégralité du roman qui pourrait lui échapper.

Sachant tout cela, et s'il a envie d'une lecture où la Science-Fiction est au service d'un récit profondément humaniste, le lecteur sera fasciné par ce roman de Christopher PRIEST. Une fois de plus diront les habitués de l'auteur.

CITRIQ

Les Extrêmes - Christopher PRIEST (The Extremes, 1998), traduction de Thomas BAUDURET, illustration de Benjamin CARRÉ, Gallimard collection Folio SF n° 187, 2004, 496 pages

Les Extrêmes - Christopher PRIEST (The Extremes, 1998), traduction de Thomas BAUDURET, illustration de Benjamin CARRÉ, Gallimard collection Folio SF n° 187, 2004, 496 pages

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