Juan et Gaspar Peterson, respectivement père et fils, fuient et traversent l'Argentine en voiture. Car les deux ont hérité d'un terrible don, celui de communiquer avec les Ténèbres. Or ce don est recherché depuis des décennies par une société secrète en quête de vie éternelle, quel qu'en soit le moyen...
Premier roman de l'argentine Mariana ENRIQUEZ, Notre part de nuit démarre comme un road movie sous la dictature argentine du début des années 1980. Mais très vite le Fantastique prend le pas, la communication avec les Ténèbres n'étant pas un vain mot, et l'auteure nous proposant une véritable Histoire contemporaine de l'Argentine par ce prisme. En alternant les points de vue, les lieux et les décennies, elle évoque son pays, les monstres qu'il a engendré et les sacrifices d'un peuple.
« Le roman phénomène » nous assène la couverture. A bien des égards, oui ! A commencer par une prose évocatrice et une histoire d'amour entre un père et son fils poignante. Sa structure est également très intéressante, sa chronologie non linéaire venant servir une intrigue très vite addictive. Enfin, Notre part de nuit est de ces romans qui marquent à jamais la vie d'un lecteur pour la dureté de son propos, et les images que la prose de Mariana ENRIQUEZ suscite.
Pour toutes ces raisons Notre part de nuit est un grand roman, doublé d'un tour de force relativement au fait qu'il s'agit d'une première œuvre, d'une taille conséquente de surcroît. Les habitués du genre fantastique horrifique penseront certainement à La maison des feuilles à sa lecture, en tout cas dans ses épisodes les plus directement liées aux Ténèbres. Cette filiation est certainement plus pertinente que celle de Cormac McCARTHY ou de Stephen KING évoquées dans le quatrième de couverture. Quoi qu'il en soit cela empêche de considérer que le roman de Mariana ENRIQUEZ renouvèle un genre, mais ce n'est absolument pas péjoratif au regard de toutes ses autres qualités.