La bibliographie de Roger Jon ELLORY ne brille pas pour son originalité. En revanche elle est dotée de caractéristiques propres qui lui donne un petit goût d'exemplarité pour la constance de l'intérêt que lui portera le lecteur qui aura apprécié au moins l'un de ses romans. Ce sont des intrigues complexes et addictives, dans lesquelles évoluent des personnages d'une profonde humanité parfaitement caractérisés, le tout prenant place dans une Amérique fantasmée mais bel et bien réaliste (rappelons que R. J. ELLORY est britannique).
Le carnaval des ombres est son dernier opus traduit en français. Il prend place dans une petite ville rurale du Kansas à la fin des années 1950 et met en scène une troupe itinérante de freaks qui émerveille les enfants et fascine les adultes. Mais une découverte macabre y est découverte après le dernier spectacle et l'agent spécial Michael Travis est dépêché sur les lieux afin de déterminer si l'affaire relève du FBI ou de la police locale. Dès lors, entre non-dits, manipulations spectaculaires et véritables talents psychologiques, si ce n'est divinatoires, l'affaire va prendre un tour inattendu pour l'enquêteur par ailleurs torturé par son passé difficile...
Une fois de plus R. J. ELLORY nous immerge totalement dans son univers. Et ce faisant il poursuit sa peinture de l'Amérique telle qu'il la voit, une Amérique dont la part d'ombre est plus que significative. En l'occurrence il suggère ici que les services de renseignement américains ne sont pas très propres dans leurs méthodes, et annonce l'élection prochaine du démocrate Kennedy, et sa fin prématurée.
Une fois de plus, un tel descriptif peut donner une désagréable impression de déjà-lu. Mais ce serait ignorer que R. J. ELLORY est un formidable conteur dont les histoires sont conçues pour se lire avec un plaisir non dissimulé.