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Que peut-on attendre de la suite, même « officielle », d'un des grands classiques de la littérature gothique et vampirique ? Probablement pas grand chose, si ce n'est une lecture agréable avec laquelle on retrouvera l'ambiance si réussie du roman original. Et bien même cela, il faut l'oublier.

 

Cette suite concoctée par l'arrière-petit-neveu de Bram STOKER, assisté d'un spécialiste du célèbre vampire, n'est qu'un roman de pure action dans lequel l'hémoglobine coule à flot et où l'érotisme est bien plus explicite que dans le roman original. En d'autres termes, Dacre STOKER et Ian HOLT cèdent à la mode ambiante du vampire, créature aussi dangereuse qu'attirante, et éminemment cinégénique. Ian HOLT, dans ses notes en fin de volume, ne cache d'ailleurs pas que sa volonté initiale était l'écriture d'un scénario.

 

Les auteurs ajoutent à cela quelques idées saugrenues en lien avec le contexte historique de l'intrigue, l'année 1912 entre Londres et Paris. Par exemple, ils relient l'affaire de Jack l'Eventreur à l'histoire de Dracula, prêtent à ce dernier une improbable et ridicule parentèle, et le font même voyager, tout du moins son cercueil, à bord du Titanic... Et pour cela ils prennent quelques libertés avec le roman de Bram STOKER, sous prétexte d'incohérence de ce dernier.

 

On retrouve aussi la quasi totalité des personnages du roman originel, lesquels vingt-quatre ans plus tard, sous la plume de STOKER et HOLT, sont devenus au mieux totalement plats (Mina Harker), et bien trop souvent caricaturaux (Van Helsing). Et que dire de la mise en scène de Bram STOKER lui-même en tant que médiocre auteur de pièces de théâtre ? Probablement rien si ce n'est que cette idée est pour le moins douteuse.

 

Si l'on devait malgré tout reconnaître quelques qualités à ce roman, on évoquerait certainement le sérieux des références historiques. Mais là-encore force est de constater que tenter de plonger ses lecteurs dans l'ambiance de l'Angleterre post-victorienne à grand renfort de références ne fait pas un roman. Car ces références doivent être mises en scène et non déballées les unes après les autres comme si les auteurs avaient sous les yeux une liste qu'ils devaient à tout prix épuiser.

 

Dacre STOKER avoue lui-même à la fin du roman que sa motivation première pour l'écriture de ce roman était de se réapproprier, au nom de la famille STOKER dans son entier, le personnage de Dracula pour de sombres histoires de droits. C'est pourquoi le lecteur doit désormais faire attention au moment du choix de son Dracula sur les étagères des librairies et des bibliothèques. Il faut oublier immédiatement celui de Dacre et lire et relire celui de Bram STOKER, oeuvre majeure et intemporelle du genre s'il en est.

 

CITRIQ

Dracula l'Immortel - Dacre STOKER et Ian HOLT (Dracula the Un-Dead, 2009), traduction de Jean-Noël CHATAIN, illustration de Patrice GARCIA, Livre de Poche n° 31973, 2010, 544 pages

Dracula l'Immortel - Dacre STOKER et Ian HOLT (Dracula the Un-Dead, 2009), traduction de Jean-Noël CHATAIN, illustration de Patrice GARCIA, Livre de Poche n° 31973, 2010, 544 pages

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