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Naïma est une trentenaire bien installée dans son époque. Libérée, passionnée, mais aussi dépressive, la société parisienne dans laquelle elle vit ne cesse de la renvoyer à ses origines dont elle ignore à peu près tout. Elle a à peine connu Ali, son grand-père, qui a été contraint de fuir la Kabylie en 1962 ; avec Yema, sa grand-mère, la communication est rendue quasi impossible du simple fait de l'absence de langue commune ; quant à son père, Hamid, il n'a jamais parlé d'où il vient, ni même de ce qu'il a traversé. C'est pour autant en quête de ces non-dits que Naïma décide de trouver ses origines et, finalement, sa voie, toutes passant par l'Algérie.

Tel est le thème de la fresque romanesque qu'Alice ZENITER propose dans L'art de perdre. En trois parties, de la Kabylie de l'après-guerre à la situation des enfants d'immigrés algériens dans le Paris contemporain, en passant par le drame des réfugiés de la Guerre d'Algérie dans les années 1960, elle raconte l'épopée d'une famille prisonnière d'un passé brutal et d'un présent ne lui laissant entrevoir guère d'espoir pour l'avenir.

Cela passe par quelques portraits emblématiques de cette famille. C'est le grand-père, héros de la Seconde Guerre mondiale, mais traité comme un moins que rien par ceux qui lui doivent beaucoup ; c'est aussi le père qui doit faire face au racisme ambiant de sa terre d'accueil alors même qu'il fournit bien plus d'effort que tout autre pour tenter de trouver sa place dans la société ; c'est la petite fille enfin, celle qui ne comprend pas tout de sa situation, mais qui prend conscience peu à peu qu'elle doit tant accepter ses origines que dépasser les préjugés de la société dans laquelle elle vit pour trouver sa voie.

Pour toutes ces raisons, L'art de perdre est un très beau roman, doublé d'une analyse sociologique subtile sur la difficulté d'être soi quand on a la sensation d'être nulle part à sa place, et que tout ce qui nous entoure renvoie à note différence. C'est tout simplement superbe.

L'art de perdre - Alice ZENITER (2017), Flammarion, 2017, 512 pages

L'art de perdre - Alice ZENITER (2017), Flammarion, 2017, 512 pages

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